Blog dedicado a la genealogía de Gardel, meticulosamente documentada por investigadores de Francia, especialmente M. Georges Galopa.

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Paul LASSERRE, le père biologique de Carlos GARDEL

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à Juan Carlos ESTEBAN


e 24 juin 1965, jour du 30ème anniversaire de la disparition de Carlos GARDEL, le quotidien argentin « Crónica » publiait une interview d'Adela DEFINO. Après la mort tragique du chanteur, Adela et son époux Armando avaient vécu auprès de Berthe GARDES, une mère inconsolable,  jusqu’à la fin de ses jours.

Dans cet article, Adela DEFINO révélait une confidence de Berthe GARDES : le père de Carlos GARDEL s’appelait "Paul LASERRE"i. (sic.)
Berthe GARDES lui avait aussi confié qu’elle avait donné à son enfant le second prénom "Romuald", « en hommage au médecin qui l'assista à la maternité où la gorge privilégiée fit entendre ses premiers cris ».

Ces détails se sont révélés parfaitement exacts. Alors qu'à cette époque les naissances avaient lieu le plus souvent à la maison, au sein de la famille, Carlos GARDEL était bien né dans une maternité. Deux études ont montré que le médecin qui avait assisté Berthe GARDES était un étudiant du nom de Romuald de PLOWECKI qui terminait ses études de Docteur en Médecine aux Hospices Civils de Toulouse, composés à cette époque de deux unités : l'Hôtel-Dieu pour les hospitalisations et l'Hospice Saint Joseph de la Grave pour l'obstétrique (grossesses et accouchements)ii

Article du journal "Crónica" du 24 juin 1965, avec la photo d’Adela DEFINO



Bien des années plus tard, à Toulouse, Paul GÉLOS, époux de Fanny LASSERRE, (une des deux filles que Paul LASSERRE avait reconnues), vint trouver Monsieur José FÉLIX, président de l'Association Carlos GARDEL pour lui révéler un secret que la famille de son épouse gardait depuis des décennies : Fanny LASSERRE, née en décembre 1919 à Blagnac, une localité proche de Toulouse, était une demi-sœur de Carlos GARDEL.
Berthe disait qu'elle était veuve de Paul Gardes,
et elle a gardé le portrait de Lasserre jusqu'à la fin de sa vie.


Par la suite, des travaux de recherche furent publiés sur ce thème, parmi lesquels on peut citer ceux de Martha BÁEZ (reproduits par Ana TURÓN), Guadalupe ABALLE publiés sur le site Todotango suivis de plusieurs ouvrages : « Carlos GARDEL, fils de Toulouse » de Christiane BRICHETEAU en 2010, « El Padre de GARDEL » aux éditions PROAiii (Auteurs GALOPA-RUFFIÉ-ESTEBAN) en 2012 et « EL DESAMPARO DEL JOVEN GARDES » (auteurs GALOPA-ESTEBAN) en 2013, aux éditions PROSAiv
.
Avec la découverte récente de nouveaux documents, le présent article a pour but de reprendre et de compléter les connaissances déjà acquises sur l'existence de Paul LASSERRE et de sa famille. Son but n'est pas d'apporter un jugement sur les personnes ou sur les écrits qui ont été diffusés, mais d'exposer les faits concernant la vie de Paul LASSERRE en se basant strictement sur des documents d'archives, c’est à dire sans tenir compte de déclarations familiales difficilement vérifiables.



1-LA FAMILLE LASSERRE


A- COMPOSITION :
Paul (Jean) LASSERRE est le quatrième des sept enfants, tous de sexe masculin, du couple formé par Joseph LASSERRE et son épouse Jeanne Marie BLANC. Les naissances s’échelonnèrent de 1858 à 1873, et deux enfants moururent en bas âge, comme l'indique le synoptique suivant :














Des cinq enfants qui atteignirent la majorité, trois étaient lithographes et les deux autres travaillaient à la construction de véhicules hyppomobiles, comme leur père Joseph LASSERRE. L’aîné Bertrand devint imprimeur, mais il fit faillite. Pierre Eugène, décéda à Paris à l'âge de 25 ans. Bertrand (dit Marius) LASSERRE est le seul qui soit resté avec ses parents. Le plus jeune, Pierre Louis LASSERRE quitta Toulouse pour s'installer dans la région parisienne.

Remarque : Le dernier fils, Pierre Louis LASSERRE a été difficile à retrouver dans les archives de l'État-Civil de Toulouse. (Il n' est pas mentionné dans le livre « Carlos GARDEL, fils de Toulouse » de Christiane BRICHETEAU)v
Son acte de naissance, présenté ci-après et daté du 7 août 1873, prouve qu'il est bien le fils de Joseph LASSERRE et de Jeanne Marie BLANC, domiciliés rue des 7 troubadours, N°24 à Toulouse :

Acte de Naissance de Pierre Louis LASSERRE (© Archives Municipales de Toulouse)

En marge de l'acte, mention de son mariage avec Marguerite EDIENS, le 5 juin 1920, à Paris (10ème arrondissement).

 B : RECENSEMENTS DE LA FAMILLE LASSERRE de 1872 à 1881
1- Recensement de Toulouse de 1872 :

Recensement de Toulouse de 1872 - Rue des 7 troubadours - Famille LASSERRE (© Archives Municipales de Toulouse)

7 personnes sont mentionnées dans l'ordre suivant:
N°3-Joseph LASSERRE, le père, Menuisier, âgé de 41 ans
N°4-Paul LASSERRE, son fils âgé de 6 ans (né en 1866)
N°5-Pierre (Eugène) LASSERRE, son fils âgé de 10 ans (né en 1862)
N°6-Bertrand LASSERRE, fils aîné, âgé de 14 ans (né en 1858)
N°7-Marie BLANC, épouse LASSERRE, repasseuse, âgée de 38 ans
N°8-Marius (en réalité Bertrand) LASSERRE, âgé de 4 ans (né en 1868)
N°9-Sébastien BLANC, (le père de Marie BLANC), âgé de 81 ans.

En 1872, la famille LASSERRE se compose des parents, du grand père maternel et de 4 enfants. Deux enfants sont morts en 1862 et 1871 et le dernier, Pierre Louis ne naîtra qu'en 1873.

Le recensement de 1876 apporte une modification sensible de la famille LASSERRE :

2- Recensement de Toulouse de 1876


Recensement de Toulouse de 1876 - Rue des 7 troubadours - Famille LASSERRE (© Archives Municipales de Toulouse)



Le groupe familial (N°20) se compose de 7 personnes :
1°-LASSERRE Jh (Joseph) Menuisier, 45 ans
2°-BLANC épouse LASSERRE Marie, Blanchisseuse, 42 ans
3°-LASSERRE Bd (Bertrand), Lithographe, 18 ans
4°-LASSERRE (Pierre) Eugène, 14 ans
5°-LASSERRE Marius ( en réalité Bertrand), 8 ans
6°-LASSERRE (Pierre) Louis, 3 ans - né en 1873.
7°-BLANC Sébastien, 85 ans.

Par rapport au recensement de 1872, le dernier enfant du couple, (Pierre) Louis, apparaît dans la liste familiale en 6ème position, mais Paul LASSERRE, n'est pas mentionné.

3-Recensement de 1881 :


Recensement de Toulouse de 1881- Rue de l'Industrie -Famille LASSERRE (© Archives Municipales de Toulouse)



(La rue des 7 troubadours s'appelle à présent rue de l'Industrie).

Famille N° 78 :
1°- LASSERRE Joseph, 49 ans, Menuisier, chef
2°- LASSERRE Marie, 46 ans, Blanchisseuse, Épouse
3°-SIRAUT Marie, 67 ans, Domestique
4°-LASSERRE (Pierre) Eugène, 19 ans, Forgeron, fils
5°-LASSERRE Bertrand, 23 ans, Militaire, fils

Le recensement de 1881 montre une famille très réduite, composée des parents, d'une domestique et de deux enfants seulement. Les trois fils absents sont : Paul LASSERRE, âgé de 15 ans, Bertrand (dit Marius) LASSERRE, âgé de 13 ans, et Pierre Louis LASSERRE, âgé de 8 ans. Sébastien BLANC, le grand père maternel, décédé le 10 janvier 1878, n'est plus mentionné.

4- Recensement de Toulouse de 1886 :


Recensement de Toulouse de 1886- Rue de l'Industrie - Famille LASSERRE (©  Archives Municipales de Toulouse)

Famille N° 78 :
1°- LASSERRE Joseph, 55 ans, Menuisier, chef
2°- LASSERRE Marie, 52 ans, Repasseuse, Épouse
3° -LASSERRE Marius (Bertrand), 18 ans, Menuisier, fils
4°- LASSERRE Louis, 13 ans, fils.

En 1886, les parents LASSERRE vivent avec leurs deux derniers fils. Les trois autres enfants : Bertrand, Pierre Eugène et Paul LASSERRE ont quitté le domicile familial pour les raisons suivantes :

1°-Bertrand LASSERRE, l’aîné de la famille a épousé Marie Caroline BIOU le 9 novembre 1885 et a fondé son propre foyer, comme l'indique l'acte de mariage suivant.

Acte de Mariage de Bertrand LASSERRE avec Marie Caroline BIOU (©  Archives Municipales de Toulouse)









2°-Pierre Eugène LASSERRE, forgeron, vit à Paris où il y décédera le 25 octobre 1887 à l'âge de 25 ans. Sa mort, mentionnée sur ses états de services militaires a permis de retrouver l'acte de décès.

Acte de décès de Pierre Eugène LASSERRE (© Archives de Paris)








3°- Paul LASSERRE, vit aussi à Paris (comme l'indiquent ses états de services militaires) :

États de services militaires de Paul (Jean) LASSERRE (Partie supérieure) (©Archives Départementales de la Haute-Garonne)





















A l'intérieur de la zone cerclée en rouge, l'adresse de Paul (Jean) LASSERRE a été rectifiée. En 1886, Il n'habite plus à Toulouse, rue de l'Industrie, mais à Paris, rue Demours, N°80.


C -CAS DE PAUL LASSERRE :
Si dans les recensements toulousains de 1876 et de 1881, Paul LASSERRE n'était pas mentionné au domicile de ses parents, c'est parce qu'il vivait chez son oncle maternel Pierre BLANC et son épouse Pauline (plus exactement Paule) BARÈS, comme le montrent les recensements suivants.

1-Recensement de Toulouse de 1876 :


Recensement de Toulouse de 1876- Rue Arnaud Vidal N°2 – Famille BLANC (©Archives Municipales de Toulouse)





Famille N°3 :
1°- BLANC Pierre, Forgeron, 42 ans,
2° -Épouse BLANC, Pauline, sans profession, 36 ans
3° -LASSERRE, Paul, sans profession, 9 ans


2-Recensement de Toulouse de 1881 :

Recensement de Toulouse de 1881 - Rue Arnaud Vidal N°14 - Famille BLANC (©Archives Municipales de Toulouse)


Famille N°33 :
1° - BLANC Pierre, 49 ans, Forgeron, chef
2° - BARÈS Paule, 39 ans, Lisseuse, Épouse
3° - BARÈS Marie, 29 ans , Lisseuse, Sœur
4° - MARNIER Marie, 62 ans, Ménagère, Grand-mère
5° - LASSERRE Paul, 16 ans, Lithographe, fils. ( en réalité Paul LASSERRE est un neveu)

Selon ces deux derniers documents, Paul LASSERRE a été confié à son oncle maternel Pierre BLANC et à son épouse Paule BARÈS qui n'avaient pas d'enfant.

Pour mieux comprendre cette situation familiale, voici un synoptique plus détaillé de la famille de
Joseph LASSERRE complété par la famille de son épouse Jeanne Marie BLANC.




2- SERVICE MILITAIRE DE Paul LASSERRE
Les états de services militaires de Paul LASSERRE révèlent de nombreuses informations :

États de services militaires de Paul LASSERRE (Partie inférieure) - (©Archives Départementales de la Haute-Garonne)






On peut lire :
1 : Dans la partie cerclée en rouge :

Le 9 novembre 1887, Paul LASSERRE part faire le service militaire au 20ème régiment d'Infanterie.
Le 1er Août 1888, il est affecté à la 17ème section de secrétaires d'État Major et de recrutement située à Toulouse, chef lieu de la 17ème Région militaire.
Le 21 septembre 1890, Paul LASSERRE est libéré du service militaire actif.

Ce document révèle que Paul LASSERRE était présent à Toulouse du 1er Août 1888 au 21 septembre 1890, et qu’il est retourné à la vie civile 2 mois et demi avant la naissance de Charles Romuald GARDES.

2: Dans la partie cerclée en jaune et vert :
Le 20 janvier 1891, soit 5 semaines après la naissance de Charles Romuald GARDES, Paul LASSERRE a regagné Paris, la ville où il habitait avant de faire son service militaire.

Paul LASSERRE vivait à Paris et c’est pour accomplir son service militaire qu’il était venu à Toulouse.

Remarque concernant Pierre Eugène LASSERRE :
Pierre Eugène LASSERRE, né en 1862, avait 4 ans de plus que son frère Paul.
En 1882, il fut dispensé du service militaire actif pour le motif que son frère aîné, Bertrand LASSERRE, né en 1858, était encore sous les drapeaux. Pour cette raison, dans la partie entourée de rouge de ses états de services militaires figure la mention « Dispensé - Frère au Service ».

États de services de Pierre Eugène LASSERRE (partie supérieure) (©Archives Départementales de la Haute-Garonne)




Nota : Dans la partie cerclée en bleu, on peut lire que Pierre Eugène LASSERRE est décédé à Paris, le 25 octobre 1887.

Paul LASSERRE n'a pas bénéficié des mêmes circonstances.
Si son frère Pierre Eugène était parti au service militaire, alors Paul LASSERRE en aurait été dispensé. Il serait resté à Paris et sa rencontre avec Berthe GARDES n'aurait jamais eu lieu.

3: Dans la partie cerclée en bleu des états de services militaires de Paul LASSERRE :
Paul LASSERRE a été condamné le 9 septembre 1892 à 3 ans de prison par la Cour d'Assises de la Seine pour vol.

3- INCARCÉRATION DE PAUL LASSERRE
Paul Lasserre retourne à Paris en janvier 1891, et un an plus tard, il est arrêté pour une affaire de vols à laquelle il avait participé au sein d'une bande de malfaiteurs surnommée « la bande des Ternes », du nom de ce quartier au nord de Paris où cette bande sévissait.

Avenue des Ternes vers 1900 - (Google Images)


Le 6 janvier 1892, la presse parisienne publiait la nouvelle de l’arrestation des membres de cette bande, parmi lesquels figurait le nom de Paul LASERRE, "issu d’une famille fort honorable".
Dans la section judiciaire des Archives de Paris, le registre des mises en accusation de l’année 1892 mentionne l’inculpation des 12 membres de cette bande.

Registre de mise en accusation de la Bande des Ternes (©Archives de Paris)



On lit à la ligne portant le numéro 11594 :
N° 11594 Juge d'instruction : RANGÉ Eugène - liste des personnes déférées : SERRE Jean Albert, BECHADE Louis Antoine Emmanuel Henri, GIROD Édouard Éloi ou CAUDRON, BRAUN, MULLER, BRUNET, MALSANG, PHILIPPE Auguste, LEVEILLÉ, LASSERRE, MALLET, fille POTTIER - Qualification : Vols - Lieu : Ternes.

12 personnes furent arrêtées et interrogées par la police. Dans son édition du 9 septembre 1892, la Gazette des Tribunaux rapporte en ces termes le procès en Cours d'Assises des 6 accusés :




JUSTICE CRIMINELLE
COUR D’ASSISES DE LA SEINE

Présidence de M. le conseiller Feuillolay
Audience du 8 septembre

LA BANDE DES TERNES —VOLS QUALIFIÉS ET COMPLICITÉ.

Six accusés comparaissaient aujourd’hui devant la Cour d’Assises de la Seine, ayant à répondre de neuf vols qualifiés commis principalement dans le quartier des Ternes. Un septième accusé n’a pu être retrouvé.

Les accusés présents sont :
1° Serre, Jean-Albert, né à Lussac-en-Eglises, (Haute-Vienne), serrurier, demeurant à Neuilly-surSeine, défenseur, Me Robert Godefroy ;

2° Béchade, (Louis – Antoine – Emmanuel – Henri), né à Paris, le 3 Janvier 1864, typographe, demeurant à Paris, 15 rue Demours. Défenseur, Me Gautier-Rougeville.

3° Philippe, (Auguste) dit Raguse, se disant né à Chavenay-le-Château (Belgique le 13 février 1860), maçon, demeurant à Levallois-Perret. Défenseur, Me Maunoury.

4° Caudron (Eloi-Antoine-Jean), dit Girod, né à Lyon le 12 mars 1864, garçon boucher, demeurant à Paris, rue Demours, 50 ; défenseur, Me Simon

5° Lasserre (Paul-Jean), né à Toulouse, le 1er Août 1866, lithographe, demeurant à Paris, sans domicile ; défenseur, Me Comby

6° Muller (Charles), dit Charlot, né à Paris, le 30 Août 1870, serrurier, demeurant à Paris, 161 Faubourg-Saint-Honoré ; défenseur, Me Gamain.

L’accusé en fuite est le nommé Mallet (Etienne), dit Confiture, né à Paris, le 23 décembre 1865, garçon boucher, sans domicile connu.

L’acte d’accusation, lu par le M. le greffier Wilmès, est ainsi conçu :

"Au mois de janvier dernier, l’attention du service de la sûreté avait été éveillée par de nombreux vols qualifiés commis spécialement dans le quartier des Ternes. Des recherches spéciales furent ordonnées ; les renseignements recueillis amenèrent l’arrestation d’un certain nombre d’individus soupçonnés, ils firent connaître que ces individus fréquentaient l’hôtel Heinfarth, rue de l’Etoile, N° 14, et qu’ils avaient confié au garçon de cet établissement, le sieur Malsang, divers objets.
Malsang fut interrogé. Ses déclarations suivies d’aveux partiels des inculpés ont permis de faire la preuve de neuf vols et de déterminer la part de responsabilité de sept accusés : six sont sous la main de la justice, un, le nommé Mallet, a réussi jusqu'à ce jour à se soustraire aux poursuites.... "





GAZETTE DES TRIBUNAUX du 9 septembre 1892 (Source : Archives de la Police-Paris)




Le verdict rendu par les jurés de la Cour d’Assises de la Seine fut sévère pour les trois principaux accusés, tandis que Paul LASSERRE, qui n'avait participé qu'à deux des neuf vols reprochés, et qui n'avait pas commis de méfaits précédemment, bénéficia des circonstances atténuantes. Il écopa de 3 ans de prison pour sa participation aux deux affaires suivantes : tentative de vol dans un débit de boissons dans la nuit du 31 décembre 1891 au 1er janvier 1892, et la nuit suivante, le vol avec trois complices, d'un coffre fort de 80 kilogrammes dans une blanchisserie de la rue Saussier-Leroy.

Verdict rendu le 9 septembre 1892 contre les accusés de la ''Bande des Ternes'' (©Archives de Paris)










































































En marge  du verdict, on peut lire :


ARRÊT QUI CONDAMNE

Serre à 15 ans de travaux forcés et à la relégation*.
*(interné dans un bagne hors de France et exilé à vie)

Béchade à 15 ans de travaux forcés et à 20 ans
d'interdiction de séjour. (interné dans un bagne hors de
France et 20 ans d'interdiction de séjourner dans le
département de la Seine).

Caudron à 10 ans de travaux forcés et à 20 ans
d'interdiction de séjour. (interné dans un bagne hors de
France et 20 ans d'interdiction de séjourner dans le
département de la Seine).

Lasserre à 3 ans de prison.

Muller à 5 ans de prison

Philippe acquitté



Le 12 avril 1894, Lasserre obtient la libération conditionnelle (Il aura passé 26 mois en prison).

Le 28 décembre 1894, Muller obtient la libération conditionnelle. (il aura passé 3 ans en prison).


Quand Paul LASSERRE est sorti de prison, Berthe GARDES et son fils étaient en Argentine.

4- RETOUR À TOULOUSE et MARIAGE de Paul LASSERRE


Extrait des états de services militaires de Paul LASSERRE  (©Archives Départementales de la Haute-Garonne)


Après sa sortie de prison, Paul LASSERRE revient à Toulouse et pour cette raison, il est convoqué pour effectuer une période d'exercices militaires du 8 avril au 4 mai 1895 au 88ème régiment d'infanterie basé à Auch, à 80 Kilomètres de Toulouse. Un mois plus tard, il est réformé de l'armée pour obésité par la commission spéciale de Toulouse. Ces informations sont indiquées dans ses états de services militaires dont voici un extrait






Le 29 septembre 1898 Paul LASSERRE épouse Marie Anne BROYER à Toulouse.

Acte de Mariage de Paul LASSERRE avec Marie Anne BROYER (©Archives Municipales de Toulouse)



Paul LASSERRE a 32 ans, et son épouse 39 ans. Ils habitent ensemble, rue Jacques Laffite N°9 à Toulouse, c’est à dire à peu de distance où Paul LASSERRE a passé son enfance. L’acte de mariage mentionne qu’il n'y a pas de contrat de mariage, ce qui semble indiquer que les mariés n’ont pas de biens importants à mentionner.

L'épouse de Paul LASSERRE, Marie Anne BROYER, était originaire de Saint Jean de Veyle, un petit village situé à 80 kilomètres au nord de Lyon. Elle était L’aînée des neuf enfants du couple formé par son père Jean François BROYER et son épouse Marie MARCHAND. On ne connaît pas la raison de sa venue à Toulouse situé à 500 kilomètres de son village natal.

Jean François BROYER décède le 25 janvier 1900, soit un an et demi après le mariage de sa fille. Le document relatif à sa succession mentionne le lieu où réside Marie Anne BROYER et son époux Paul LASSERRE. Les documents d’archives concernant les successions des parents de Paul LASSERRE vont apporter de précieux renseignements complémentaires à ce sujet.

5-DÉCLARATION DE SUCCESSIONS

1° - SUCCESSION de François BROYER, beau père de Paul LASSERRE

Ce document, conservé aux archives du département de l'Ain et daté du 25 juillet 1900, révèle qu’à cette date "Annette" BROYER et son époux Paul LASSERRE résident à Libourne, une localité de la Gironde proche de Bordeaux (à environ 250 kilomètres au nord-ouest de Toulouse).

Succession de Jean François BROYER (©Archives Départementales de l'Ain)

































































Détail de la succession de Jean François BROYER :
On peut lire dans la partie encadrée en rouge :
4° Annette BROYER, épouse de Mr Paul LASSERRE, restaurateur avec lequel elle demeure
à Libourne.






2° - SUCCESSION de Joseph LASSERRE, père de Paul LASSERRE


Succession de Joseph LASSERRE, datée du 21 janvier 1901 (© Archives Départementales de la Haute-Garonne)







































































Détail des héritiers de Joseph LASSERRE :
1° Bertrand LASSERRE, imprimeur lithographe à Toulouse, rue d'Aubuison
2° Paul LASSERRE , idem à Libourne
3° Bertrand LASSERRE, menuisier en voitures à Toulouse, rue de l'Industrie 24
4° Louis LASSERRE, lithographe à Toulouse, rue de l'Industrie n°24

Remarques :
1- La succession de Joseph LASSERRE a été déclarée le 21 janvier 1901, soit près de 5 ans après son décès. Ce n'est pas habituel, le délai généralement accordé étant de 6 mois.

2- Pierre Eugène LASSERRE ne figure pas dans la liste des héritiers de Joseph LASSERRE. Il est décédé à Paris en 1895. Seuls les quatre frères qui sont vivants sont mentionnés.

3- La profession de Paul LASSERRE varie selon les différentes successions. Sur celle de son beau-père, il est restaurateur, tandis que sur celle de son père, il est imprimeur lithographe (comme son frère aîné)


3° -SUCCESSION de Jeanne Marie BLANC, mère de Paul LASSERRE


Succession de Jeanne Marie BLANC, datée du 11 mars 1903 (© Archives Départementales de la Haute-Garonne)











































































Détail des héritiers de Jeanne Marie BLANC



















On retrouve les noms des quatre frères LASSERRE, et en 2ème position, dans la partie encadrée en rouge, Paul LASSERRE , domicilié à Libourne.

L’examen de ces 3 successions montre que durant la période 1900-1903, Paul LASSERRE et son épouse ont habité à Libourne. Cependant, la profession de Paul LASSERRE n’est pas clairement définie.


6- RECENSEMENT DE LIBOURNE DE 1901 :

Le recensement de Libourne de 1901 fournit l’adresse et l’activité de Paul LASSERRE et de son épouse Marie Anne BROYER, (dont le prénom courant est Annette). Ils habitent au N°1 de la rue Saint Martial comme l’indique le document suivant :

Recensement de Libourne de 1901- Rue Saint Martial, N°1 (©Archives Municipales de Libourne)












































Les personnes recensées sont présentées dans le tableau suivant :





















Dans la maison située au N°1 de la rue Saint Martial, Paul LASSERRE exerce la profession de "Logeur" , ce qui signifie littéralement qu’il loue des chambres meublées.

Par rapport aux recensements des années précédentes, le recensement de 1901 comporte une information supplémentaire concernant les patrons et les employés. Dans la colonne la plus à droite il faut indiquer la mention "Patron", si on est un chef d’entreprise ou un ouvrier travaillant à domicile. Dans les autres cas il faut donner le nom du patron ou de l’entreprise qui vous emploie. Paul LASSERRE a déclaré être "Patron". Les autres personnes habitant cette maison ont toutes indiqué "Employée" et ont donné le nom de leur patron : "Lasserre".

Donc, Paul LASSERRE emploie 8 femmes âgées de 20 à 41 ans qui vivent sous son toit.

Dans un article publié en 2009 dans la "Revue Historique de Bordeaux et du département de la Gironde'', l'historien Alain CHAUME publie un article intitulé ''Prostituées et société à Libourne au 19ème siècle.-- Entre tolérance et répression".

Dans cet article, l'auteur évoque des évènements survenus en 1888 dans une maison de prostitution située 1 rue Saint Martial, (la même adresse que Paul LASSERRE en 1901), dont la propriétaire, Adeline MOQUET, fut condamnée à 3 jours d'emprisonnement pour ''insultes grossières et voies de fait envers un passant". Dans cet article on trouve une description de l'intérieur de cette maison faite le 28 juillet 1888 par un commissaire de police. En 1896, Adeline MOQUET était à nouveau mentionnée dans le recensement de cette rue.

Recensement de Libourne de 1896 - Rue Saint Martial, N°3 et 4 (©Archives Municipales de Libourne)






































En 1896, aux N°3 et 4 de la rue Saint Martial, on trouvait 2 ''Logeuses'' : Marie GUERIN et Adeline MOQUET (encadrées en rouge), et chacune hébergeait 5 "pensionnaires". Parmi celles ci Maria GOB(E)AU (encadrée en vert) sera employée en 1901 par Paul LASSERRE.

Un autre document d'archives : le "dictionnaire des rues de Libourne" par Jean Luc ROBIN, souligne la mauvaise réputation de cette rue*, connue pour ses établissements de prostitution.

On peut se douter de l'activité véritable de Paul LASSERRE et de ses 8 employées dans une rue de Libourne connue pour ses maisons closes. Cela semble bien éloigné de l'imprimerie ou de la restauration qui figuraient comme profession de Paul LASSERRE sur les différentes successions que nous venons d'examiner.

 * En 1906, la rue Saint Martial sera renommée rue Delalande.

7- RECENSEMENT DE BLAGNAC DE 1906 :

En 1906, Paul LASSERRE et son épouse sont de retour dans la région toulousaine et vivent à Blagnac, qui était à l’époque un village. (à 7 km au nord de Toulouse).

Recensement de Blagnac - rue Saint Exupère, N°40 – Paul LASSERRE (© Archives Départementales de la Haute-Garonne)














Liste des personnes vivant à cette adresse :

128 LASSERRE Paul1866 Toulouse Français Chef Sans Profession
129 BROYER Anne 1859 St. Jean de Veyles Française épouse Sans Profession
130 ARRAU Marie 1861 Mielas-Ariège Française servante
131 PUJOL Justin 1888 Cugnaux Français domestique


Paul LASSERRE et son épouse emploient deux domestiques et déclarent n'exercer aucune profession.

Marie Anne Broyer décède 10 ans plus tard, le 22 mars 1916. Son acte de décès mentionne qu'elle habitait toujours à la même adresse qu’en 1906 : rue Saint Exupère, à Blagnac.

Acte de décès de Marie Anne BROYER (© Archives Départementales de la Haute-Garonne)
























C'est toujours à cette même adresse que naîtront en octobre 1918, Henriette LASSERRE, puis sa sœur Fanny en décembre 1919. Ces deux filles furent déclarées et reconnues à leur naissance par Paul LASSERRE qui, après le décès de son épouse en 1916, s’était mis en ménage avec leur mère, Clémentine AMIEL.


Acte de naissance d'Henriette LASSERRE (source : Mairie de Blagnac)

































8- RECENSEMENT DE TOULOUSE DE 1921 :

En 1921, Paul LASSERRE, Clémentine AMIEL et ses deux filles vivent à Toulouse, rue Arnaud Vidal, au N°15.


Recensement de Toulouse de 1921- 15 rue Arnaud Vidal - Famille LASSERRE (© Archives Municipales de Toulouse)


















Clémentine AMIEL est présentée comme une cousine de Paul LASSERRE et sa fille Henriette LASSERRE, née en 1918 (et non en 1920) est déclarée "Absente". Henriette, qui est âgée de 2 ans et demi, est hébergée par les parents de Clémentine AMIEL, qui habitent rue des Puits Verts à Toulouse comme le montre l’extrait du recensement présenté ci-après :


Recensement de Toulouse de 1921- 2 rue des Puits Verts - Famille AMIEL (© Archives Municipales de Toulouse)

























On lit dans la partie encadrée en rouge :
32 AMIEL François, (né en) 1858, (à) Salles Français Chef Retraité
33 AMIEL Baptistine (née en) 1868 (à) Toulon Française Ménagère
34 LASSERRE Henriette (née en) 1918 (à) Blagnac Française Petite Fille

On peut émettre l’hypothèse que peu de temps après la naissance de sa deuxième fille Fanny, Paul LASSERRE, âgé de 55 ans, a déménagé à Toulouse pour des raisons impérieuses, et que sa fille aînée Henriette a été confiée à ses grands parents maternels pour soulager la tâche de Clémentine AMIEL.

9- D É C È S DE PAUL LASSERRE:

Le décès de Paul LASSERRE survient quelque mois après, le 20 novembre 1921, à son adresse toulousaine, 15 rue Arnaud Vidal.

Acte de décès de Paul (Jean) LASSERRE – (source : État Civil de Toulouse)


L'acte de décès mentionne que Paul (Jean) LASSERRE, propriétaire, est veuf de Marie Anne BROYER. Il ne s’est pas remarié après le décès de son épouse en 1916.

L'avis de décès paru dans « La Dépêche de Toulouse » précise que ses obsèques auront lieu à Blagnac où il a longtemps habité.

Annonce du décès de Paul LASSERRE – journal ''La Dépêche de Toulouse'' du 21 Novembre 1921 (source : Gallica-BNF)




































10- SUCCESSION DE PAUL LASSERRE:

A la suite du décès de Paul LASSERRE, son testament est ouvert, et plusieurs déclarations de succession sont établies par les services fiscaux.
Les trois documents concernant la succession de Paul LASSERRE sont consultables aux archives départementales de la Haute Garonne. La déclaration principale, signée par Clémentine AMIEL, porte en première page le tampon de l’étude de Pierre NOUQUÉ, Notaire à Toulouse qui a enregistré le testament du défunt.

Déclaration de succession de Paul (Jean) LASSERRE (29 juillet 1922) - (© Archives Départementales de la Haute Garonne)







































Ce document de 7 pages décrit en 37 points les biens mobiliers et immobiliers de Paul (Jean) LASSERRE qui ont été déclarés à l’administration fiscale par "La soussignée Clémentine AMIEL, sans profession, célibataire, majeure, demeurant précédemment à Toulouse, rue Arnaud Vidal N°15 et actuellement à Blagnac (Hte Garonne), agissant en qualité de tutrice légale de ses deux filles naturelles mineures Henriette et Fanny LASSERRE".

Les héritières de Paul LASSERRE sont ses "deux filles naturelles mineures légalement reconnues par lui lors de la déclaration de leur naissance, à savoir Mademoiselle Henriette LASSERRE née à Blagnac le 28 octobre 1918, et Mademoiselle Fanny LASSERRE née aussi à Blagnac le 19 décembre 1919, toutes deux sous la tutelle naturelle et légale de leur mère Mademoiselle Clémentine AMIEL, déclarante, qui les a légalement reconnues par déclaration faite à la mairie de Blagnac le 18 novembre 1921vi et domiciliée de droit avec elles".

Dans ce document, on relève qu’au moment de sa mort, Paul LASSERRE était à la tête d’une grosse fortune chiffrée par les services fiscaux à près de 200 000 francs de l’époque, ce qui correspondrait à 23 millions d’Euros d’aujourd’hui selon l’outil de calcul suivant : https://franceinflation.com/calculateur_inflation.php.

La longue liste des biens et valeurs de Paul LASSERRE comprenait :
Dans un coffre du Crédit Lyonnais : des bijoux, des pièces en or, 3000 francs, 256 marks, de nombreux bons au porteur, des créances, des actions et différentes obligations concernant des mines, des chantiers navals ou des compagnies maritimes, etc… l’ensemble de ces biens se chiffrant à environ 65 000 Francs de l’époque (soit 7,5 millions d’Euros d’aujourd’hui).

A cela il fallait ajouter sa maison d’habitation de Blagnac avec un terrain « en labour et jardin », puis un groupe de 4 maisons à Toulouse : Dans la rue Arnaud Vidal, il possédait 3 maisons consécutives au N°15 (où il est décédé), suivi des maisons aux N°13 et N°11. Cette dernière maison avait une deuxième entrée située dans la rue Bachelier, au N°16). Enfin, la quatrième maison était située au N°18 de la rue Bachelier. Leur disposition était la suivante :

Emplacement des maisons de Paul LASSERRE à TOULOUSE (sur plans Google et Mappy)































La maison au N°16 de la rue Bachelier avait une entrée qui accédait à l’arrière de la maison du N°11 de la rue Arnaud Vidal – aujourd’hui les deux maisons de la rue Bachelier n’existent plus.

Enfin, Paul LASSERRE possédait toujours la maison de Libourne, rue Delalande N°1 (autrefois rue  Saint Martial), celle où en 1901, il dirigeait une maison de tolérance.

L’ensemble de ces 6 biens immobiliers était évalué à plus de 130 000 Francs de l’époque.

Parmi les dispositions testamentaires, Paul LASSERRE laissait une rente à un de ses frères et une  somme d’argent à un neveu. Ces deux dernières volontés du défunt portées sur son testament faisaient l’objet de deux déclarations de succession séparées.

11- DESCRIPTION DES MAISONS DE PAUL LASSERRE A TOULOUSE

A Toulouse, la rue Arnaud Vidal où Paul LASSERRE possédait trois maisons, avait une réputation sulfureusevii. Le recensement de 1921 des trois maisons situées aux N°11,13 et 15 de cette rue apporte des informations très révélatrices :

Recensement de Toulouse de 1921- rue Arnaud Vidal N°11-13-15 (©Archives Municipales de Toulouse)

































































Au N°15 (cadre de couleur rouge), vit Paul (Jean) LASSERRE et sa cellule familiale composé de ses deux filles Henriette et Fanny et de leur mère Clémentine AMIEL. Les maisons portant les numéros 11 et 13 (encadrées en vert et bleu) sont des hôtels dont les patrons sont Eugène et Julia POUX au N°11 et Henri et Alphonsine CHAUMONNOT au N°13. Le premier hôtel héberge 8 pensionnaires, toutes des femmes, âgées entre 26 et 33 ans, excepté une femme de ménage. Le second hôtel héberge également 8 pensionnaires, la plupart étant également de jeunes femmes.

Des articles de la presse toulousaine confirment qu’il y avait à ces adresses des maisons de tolérance, en particulier celui paru en 2005 et consultable sur internet du journal « La Dépêche du Midi ». Il rapporte le témoignage du Docteur Rose qui soignait les prostituées. https://www.ladepeche.fr/article/2010/12/05/963432-charles-rose-docteur-des-prostituees.html

Le Docteur Rose déclare : "le vrai coin des bordels avec des filles attachées à des maisons, c’était la rue Arnaud Vidal et la rue du canal…" …… "Ces maisons closes n’avaient pas d’enseigne mais des surnoms : La Présidence, Le Sénat, La Mairie…"

Extrait de l’article de "La dépêche" du 5 décembre 2010.


- Le 19 février 1941, une tentative de meurtre est perpétrée par "Jean Gendre, tenancier de la maison de tolérance" « La Présidence», 11 rue Arnaud Vidal. Blessée de deux balles de revolver la victime est évacuée par "une deuxième sortie de la maison donnant rue Bachelier". Le journal "La dépêche" du 2 mars 1941 publie un article sur l’arrestation de l’auteur de cette agression.


Article de "La Dépêche" du 2 mars 1941 concernant une tentative de meurtre par le gérant de la maison de tolérance "La Présidence", 11 rue Arnaud Vidal.
(source Gallica-BNF)



































































- Le 10 janvier 1942 "La Dépêche" publie une offre d’emploi pour le "Sénat", 13 rue Arnaud Vidal. Ce même journal avait publié le 23 avril 1928 un article concernant un homme en état d’ébriété qui s’était vu refuser l’entrée au "Sénat", rue Arnaud Vidal.

Articles de "La Dépêche" mentionnant la maison de tolérance "le Sénat", 13 rue Arnaud Vidal. (source : Gallica-BNF)

























- Dans la rue Bachelier, la maison au N°18 était occupée par des familles et n’était pas utilisée pour la prostitution.

12- CADASTRE de TOULOUSE :

Le cadastre de Toulouse consultable aux Archives Municipales de Toulouse, fournit l’historique des propriétaires des parcelles de terrain sur lesquelles sont implantées les maisons d’habitation. Le premier cadastre de 1840 à 1911 étant en restauration, seul le cadastre postérieur à l’année 1911 était disponible. Les 4 maisons toulousaines qui appartenaient à Paul LASSERRE y sont ainsi répertoriées.


1- Maison d’habitation de Paul LASSERRE, 15 rue Arnaud Vidal : (case 959 du cadastre)


Cadastre - case 959 (©Archives Municipales de Toulouse)








































Cette maison est répertoriée dans la case N°959 de la matrice cadastrale de 1911. Elle appartenait à madame Joséphine SOUBIZARETTE qui l’a revendue à Paul LASSERRE en 1921 (enregistrement fait en 1922). Paul LASSERRE a acheté cette maison peu de temps avant sa mort.

Maison de Paul LASSERRE, 15 rue Arnaud Vidal à Toulouse. (photo Georges GALOPA)





































































On peut voir l’emplacement de la voûte qui était autrefois l’entrée d’une écurie. Le deuxième étage de cette maison a été rajouté par la suite.

2- Maison au N°13 de la rue Arnaud Vidal, autrefois la maison de tolérance " Le Sénat" (case 621 du cadastre)


Cadastre - case 621 (©Archives Municipales de Toulouse)

En 1911, cette maison appartenait déjà à Paul LASSERRE. En 1940, elle revient à sa fille Henriette LASSERRE, épouse de Monsieur BUCHER, devenue majeure. Celle ci, la revend aussitôt à Monsieur Jean Paul ANCAUSSE, hôtelier.

3- Maison au N° 11 de la rue Arnaud Vidal, autrefois la maison de tolérance " La Présidence" (case 622 du cadastre)

Cadastre - case 622 (©Archives Municipales de Toulouse)


































En 1911, comme pour la précédente, cette maison appartenait à Paul LASSERRE. En 1926, Clémentine AMIEL, tutrice des filles de Paul LASSERRE, est citée comme gérante des biens de leur père. La maison est revendue en 1938 à Monsieur Jean Paul ANCAUSSE, hôtelier, déjà cité. On remarque que cette parcelle, référencée en case 622, possède 2 adresses : Rue Arnaud Vidal, 11 et Rue Bachelier, N°16.

De droite à gauche, au premier plan, la maison de Paul LASSERRE, puis les anciennes maisons de tolérance "Le Sénat " et "La Présidence". (photo Georges GALOPA)








































4- Maison au N° 18 Rue Bachelier (case 359 du cadastre)

Cadastre - case 359 (©Archives Municipales de Toulouse)































Elle a été achetée en 1914 par Paul LASSERRE (enregistrement en 1915), et Clémentine AMIEL a géré ce bien en tant que tutrice légale de ses deux filles Fanny et Henriette LASSERRE. En 1937, la maison est vendue à Monsieur Robert DERTONNE, négociant.
Cette maison a été démolie et remplacée par un immeuble servant de parking.
Remarque : Le recensement de Libourne de 1906 montre que la maison située 1 rue Delalande (autrefois rue Saint Martial) et qui, en 1921, appartenait toujours à Paul LASSERRE, n’est plus une maison de tolérance.

13-TESTAMENT DE PAUL LASSERRE
(Ce document, conservé aujourd’hui dans l’étude de Maître CHWARTZ, à Toulouse, a été transmis par Monique RUFFIÉ).

Le 10 septembre 1919, à Blagnac, Paul LASSERRE rédigeait un testament qui fut enregistré en l’étude de Maître Pierre MIRASSOU-NOUQUÉ, notaire, 3 rue du Poids de l’Huile à Toulouse.

Extrait du Testament de Paul LASSERRE









































Paul LASSERRE déclare : « vouloir disposer de mes biens pour après mon décès de la manière suivante :
J’ai une fille que j’ai reconnue Henriette Lasserre que j’institue mon héritière générale et universelle et à laquelle je veux laisser après mon décès si elle me survit, la totalité de mes biens, meubles et immeubles qui composeront mon entière succession…... »

Le jour de la rédaction du testament, sa deuxième fille Fanny LASSERRE n’était pas encore née, ce qui explique qu’elle ne soit pas mentionnée. Dans le cas où Paul LASSERRE n’aurait pas eu de descendance, il avait prévu dans son testament que Clémentine AMIEL hériterait de ses biens.

De plus, Paul LASSERRE laissait une rente à un des frères, Marius LASSERRE (de son vrai prénom Bertrand), et une somme d’argent à Jean Claude Marius AUBERT, un neveu qui était le fils de Marie Louise BROYER, une sœur de sa défunte épouse.

Cependant, on constate que Charles Romuald GARDES n’est pas mentionné dans ce testament qui "annule les testaments précédents". Pourtant, Paul LASSERRE aurait pu, à n’importe quel moment de son existence, entreprendre une démarche de reconnaissance de paternité dans un bureau de l’État Civil ou par acte notarié. Et même, dans un but de discrétion il aurait était légalement possible de reconnaître un enfant dans un "testament authentique" qui aurait été ouvert après sa mort.

Comme rien n’a jamais été fait en ce sens, Paul LASSERRE sera donc considéré simplement comme le père biologique de Carlos GARDEL qui restera, selon la loi, "né de père inconnu".


Georges GALOPA, (Avec la collaboration d’Ana TURÓN)
ANDOLSHEIM, le 24 juin 2020.


"Mon père, ce héros au sourire si doux…"
(Victor HUGO - Après la bataille - La légende des siècles - 1859)



Sources et remerciements :
Archives Municipales de Toulouse
Archives de Paris
Archives de la Police - Paris
Archives de Libourne
Archives Départementales de la Haute-Garonne
Archives Départementales de l’Ain.
Étude Notariale CHWARTZ à Toulouse.
BNF : Bibliothèque Nationale de France
Journal " La Dépêche du Midi "
État Civil de Toulouse
État Civil de Blagnac
Monique RUFFIÉ

i Plus exactement Paul Jean LASSERRE. Dans cet article nous utiliserons son prénom courant : Paul
ii https://ana-turon.blogspot.com/2015/02/romuald-de-plowecki-ou-le-prenom-secret.html ;
http://museolibrogardel.blogspot.com/2016/09/blog-post_17.html
iii ISBN 978-987-1766-58-1
iv ISBN 978-987-1947-34-8
v Une rectification concernant Pierre Louis LASSERRE a été faite dans le livre « El Desamparo del Joven GARDES » en page 63.
vi Clémentine AMIEL mentionnée comme "tutrice légale de ses deux filles"a reconnu ses deux filles 2 jours avant le décès de Paul LASSERRE.
vii Journal « Midi socialiste » du 2 mai 1914.