n janvier 1936, quelques mois après la mort
accidentelle de son fils Carlos GARDEL, Berthe GARDES se livra à quelques
confidences à un journaliste de la revue « La canción moderna »
Elle déclara : " Mes parents étaient d'humbles
gens, je ne me souviens pas bien de mon père. Ma mère était mariée en
secondes noces et nous disions " oncle " à notre beau père
qui était très bon .... ma mère était modiste et avait de bonnes clientes.
Son esprit était très vagabond et son ambition la poussa à quitter la
France.... Je n'ai jamais su comprendre les pensées de ma mère et pour cela
peut être nous nous sentions distantes. Mes souvenirs de cette époque ne sont
pas très agréables... je ne pouvais pas vivre face à l'incompréhension de ma
mère et je décidais de quitter la France ".
Cet
" oncle " s'appelait Louis CARICHOU, et
il fut le compagnon d'Hélène CAMARÈS, la mère de Berthe GARDES pendant de
longues années avant de devenir son époux.
Les
documents retrouvés dans les archives françaises laissent apparaître que la
séparation de Berthe GARDES avec sa famille s'est produite au début de l'année
1890. Une autre personne, par son influence et sa position sociale, a joué un
rôle important dans cet événement. Il s'agit de Charles CARICHOU, le
frère aîné de Louis CARICHOU.
Cette
étude retrace l'implication de Louis et Charles CARICHOU dans le destin de la
famille française de Carlos GARDEL. Elle a pour point de départ le mariage de
leur père Dominique Étienne CARICHOU à Toulouse.
1- DOMINIQUE ÉTIENNE
CARICHOU, DE TOULOUSE A SAUMUR.
Le 21 octobre 1842, Dominique Étienne
CARICHOU, bijoutier de profession, épouse Louise Jeanne JOURDAN. De cette union
naît le 29 octobre 1843 en leur domicile toulousain, 65 rue du Taur, leur
premier enfant : Hippolyte Charles Bernard Antonin CARICHOU.
Fig 1 : Acte de naissance d’Hippolyte Charles Bernard Antonin CARICHOU (© Archives Municipales de Toulouse)
Des quatre prénoms donnés à l'enfant, Charles
sera celui qui sera employé dans la vie courante. Au bas de l'acte de naissance
et en sa qualité de témoin, Louis PEYRONNET a apposé sa signature. Cette
personne accompagnera la famille CARICHOU dans tous les événements importants.
Quelques années plus tard, la famille CARICHOU déménage à Saumur,
une ville située au bord de la Loire, à environ 500 kilomètres au nord de
Toulouse. Saumur, qui compte à cette époque 12500 habitants[1],
est réputée pour son vignoble et ses entreprises de joaillerie et d'art
religieux[2].
Dominique Étienne CARICHOU va y installer un atelier de fabrication de
médailles religieuses.
Fig 2 : Position de Saumur par rapport à Toulouse sur la carte de France. |
La famille de Dominique CARICHOU apparaît dans
le recensement de Saumur de 1846. Sur le document suivant tiré d'un microfilm
des Archives de Saumur, on peut voir, malgré la mauvaise qualité de l'image,
que cette famille habite au N°5 de la rue de l'Abreuvoir en compagnie de 3
ouvriers bijoutiers. Parmi ces ouvriers figure Louis PEYRONNET, 29 ans, le
témoin qui a signé l'acte de naissance de Charles CARICHOU.
Fig 3 : Recensement de Saumur de 1846, rue de l 'Abreuvoir. (© Archives de Saumur) |
Le logement situé au numéro 5 de la rue de
l'Abreuvoir à Saumur est occupé par 7 personnes :
12 | CARICHOU | Dominique | Bijoutier | 29 ans |
13 | JOURDAN | Louise | Sa femme | 24 ans |
14 | CARICHOU | Charles | Leur fils | 3 ans |
15 | Veuve JOURDAN | Antoinette LABARTÉ | Leur mère | 58 ans |
16 | PEYRONNET | Louis | ouvrier Bijoutier | 29 ans |
17 | CAGNÉ | Louis | idem | 20 ans |
18 | BRANDT | François | idem | 33 ans |
Le 7 juillet 1847 naît à cette même adresse
Louis Alphonse Julien CARICHOU. On retrouve à nouveau au bas de son acte de
naissance la signature de Louis PEYRONNET.
Fig 4 : Acte de naissance de Louis Alphonse Julien CARICHOU (©Archives Départementales du Maine et Loire) |
Les archives de Saumur possèdent les éditions
du journal " L'Écho saumurois " rapportant les faits de
Saumur et de ses environs de 1853 à 1939. La consultation de ce journal nous a
fourni des informations de premier ordre sur la famille CARICHOU.
Fig 5 : Manchette de " L'Écho saumurois" - (©Archives de Saumur). |
Dominique
CARICHOU et sa famille vont quitter la rue de l'Abreuvoir (aujourd'hui rue
Jules Ferry) pour venir habiter au centre-ville de Saumur.
Fig 6 : Plan de Saumur de 1858 mentionnant les lieux où a habité Dominique CARICHOU. (source : BNF - gallica) |
Sur cet ancien plan de Saumur, la rue de
l'Abreuvoir est située sur une île reliée à la ville par le pont CESSART qui
enjambe la Loire. En 1856, la famille CARICHOU habite rue de la Tonnelle en
centre-ville. L'année suivante, elle réside quai de Limoges où Dominique
CARICHOU et son épouse sont propriétaires de leur maison. Ils achètent une
parcelle de terrain de 400 mètres carrés qui jouxte leur propriété[3]
pour édifier leur nouvel atelier de fabrication de médailles.
L'Écho saumurois du 10 septembre 1861
rapporte que cet atelier été victime d'un incendie qui a ravagé toute la
toiture.
Fig 7: "L'Écho saumurois" du 10 septembre 1861: incendie de l'atelier CARICHOU. (©Archives de Saumur) |
Extrait de l'article : "... la population se portait vers l'établissement de M.
CARICHOU, bijoutier, levée (quai) de Limoges. Tout à coup les flammes
s'étaient fait jour à travers la toiture et, favorisées par la sécheresse et le
vent qui soufflait, le corps de bâtiment des ateliers s'était trouvé en feu en
un instant sur toute sa longueur....... la toiture a été entièrement
détruite...."
Charles
et Louis CARICHOU font leurs études primaires au pensionnat Coulon à
Saumur. L'Écho saumurois " rapporte le 14 août 1858, que Charles
CARICHOU (15 ans) est primé en Géographie, Histoire, Exécution graphique des
plans, Dessin, et en musique vocale. Il est également récompensé l'année
suivante.
Fig 8: Distribution des prix du pensionnat Coulon (en réalité: "pensionnat de Nantilly") "L’Écho saumurois " du 14 août 1858. (© Archives de Saumur) |
En 1860, son frère cadet, Louis CARICHOU (13
ans) obtient, lui aussi, d'excellents résultats. Il reçoit le prix d'excellence
de sa classe et est cité en Analyse Grammaticale, Histoire, Géographie et
Calcul comme l'indique l'extrait de journal suivant :
2- MARIAGE et POSITION SOCIALE de CHARLES CARICHOU
Le
mariage de Charles CARICHOU est un grand événement pour la ville de Saumur en
raison de l'importance de la famille de l'épouse. Son père, Angelo BOLOGNESI
est un émigré italien qui a fui en 1845 la répression autrichienne en Romagne
(qui faisait partie à l'époque des États Pontificaux) pour se réfugier en
France. Angelo BOLOGNESI s'associe à Jean Marie COMBIER, qui dirige une
importante distillerie, avant de créer en 1858 sa propre entreprise. Il devient un industriel riche et réputé.[4] Sur le site internet https://saumur-jadis.pagesperso-orange.fr/recit/ch34/r34d1liq.htm,
on trouve une étiquette de bouteille de " Liqueur hygiénique de
dessert " Angelo BOLOGNESI avec la liste des médailles obtenues dans
plusieurs expositions internationales.
Fig 10: Acte de mariage de Charles CARICHOU avec Thérèse BOLOGNESI (1ère partie) (© Archives Départamentales du Maine et Loire) |
La première partie de l'acte est rédigée
ainsi :
"Aujourd'hui, 29 avril 1867, à
neuf heures du soir, Par devant nous, Jean CHEDEAU adjoint au Maire de la ville
de Saumur (Maine et Loire), remplissant par délégation les fonctions d'officier
de l'État-Civil, Procédant publiquement,
Ont comparu à la mairie Mr Hippolyte Charles Bernard Antonin CARICHOU,
négociant né à Toulouse (Haute Garonne) le 29 octobre 1843, domicilié à Saumur
avec ses père et mère. fils mineur quand au mariage de Dominique Étienne
CARICHOU, bijoutier, et de Louise Jeanne JOURDAN, sans profession, son épouse,
tous deux ici présents et consentants[5]........
D'une part..........
Et
Mlle Anne Marie Thérèse BOLOGNESI, sans profession, née à Saumur le 18 mars
1849, fille mineure d'Ange Bernardin BOLOGNESI, liquoriste, et d' Anne DUDOUET
son épouse, sans profession, demeurant ensemble à Saumur, tous deux ici
présents et consentants......
L'examen attentif des signatures de l'acte de
mariage apporte des informations intéressantes.
On
trouve en haut les signatures des mariés : Ch. CARICHOU fils et Thérésa
BOLOGNESI, suivies de Louise CARICHOU, la mère du marié (née
JOURDAN), et des parents de la mariée : Angelo BOLOGNESI, et
Angela BOLOGNESI DUDOUET.
La troisième ligne des signatures commence par
celle du premier témoin en la personne de Noël-Henry MAYAUD, un
grand industriel et un élu politique de Saumur cité dans l'acte comme " manufacturier
et membre du Conseil Général du Maine et Loire ". Un article sur
les bijoutiers de Saumur révèle qu'il fabrique des objets religieux et fait
appel "à des ateliers spécialisés comme celui de CARICHOU[6] ".
Viennent ensuite les signatures du père du marié : Dominique CARICHOU,
puis celle de Louis PEYRONNET, bijoutier, domicilié à Toulouse
(Haute Garonne ), âgé de 51 ans, toujours présent auprès de la famille
CARICHOU. Enfin, sur la dernière ligne figure la signature de Louis CARICHOU,
frère cadet du marié, et celles des deux autres témoins : Gustave CONTDÉRANT
professeur de mathématiques en retraite, et Armand
TAILLEBOIS, propriétaire.
Charles
CARICHOU est négociant en vins. En 1869[7],
il s'associe à Auguste CHRISTIANI, propriétaire d'une cave de stockage et de
vieillissement de bouteilles de vins mousseux creusée dans le sous sol de la
ville de Saumur. Cette association dure peu, et la cave est rachetée l'année
suivante par les beaux parents de Charles CARICHOU[8]
qui agrandissent ainsi leurs activités au profit de leur fille unique et de son
époux. C'est ainsi qu'est fondée la maison C.CARICHOU-BOLOGNESI qui
commercialise des vins mousseux " façon champagne " comme
l'indique cette annonce parue dans " Le Phare de la Loire "
du 24 janvier 1874.
Fig 12: Petite Annonce de la Maison C.CARICHOU-BOLOGNESI extraite du journal de Nantes "Le Phare de la Loire" du 24 janvier 1874. (©Archives Départamentales de Loire Atlantique) |
Le 31 mai 1868 naît Georges Étienne Angélo
CARICHOU, premier enfant de Charles CARICHOU et de son épouse. Il sera suivi le
4 juillet 1875 par un second fils prénommé Louis Étienne Angélo. Sur les actes
de naissance, on remarque que la signature du père a évolué. Si pour l’aîné, il
a signé Ch. CARICHOU, pour le cadet, il signe à présent CARICHOU
BOLOGNESI. Ainsi associée au nom d'une riche famille industrielle de Saumur, sa
signature devient plus prestigieuse.
Fig 13: Signatures de Charles CARICHOU sur les actes de naissance de ses 2 fils. (© Archives Départamentales du Maine et Loire) |
Charles CARICHOU prendra de plus en plus
d'importance dans les affaires à tel point qu'en 1880, après la mort de son
beau père, il dirigera la distillerie familiale qui deviendra la DISTILLERIE
Veuve Angelo BOLOGNESI & C.CARICHOU, comme le montre cette
publicité extraite du catalogue de la prestigieuse Exposition Universelle de
Paris de 1889 (pour laquelle fut inaugurée la Tour Eiffel).
Fig 14: Publiité extraite du Catalogue de l'Exposition Universelle de Paris de 1889 (Source: BNF - gallica) |
3- LOUIS
CARICHOU – LE COMPAGNON D'HÉLÈNE CAMARÉS
A/
Naissance de Blanche Hélène CARICHOU
Le premier document d'archives concernant
Louis CARICHOU dont nous disposons après ses années passées à Saumur est l'acte
de naissance de sa fille Blanche Hélène, née à Toulouse le 26 juin 1873.
L'acte est rédigé ainsi : " Du
vingt sixième jour du mois de juin 1873 à trois heures du soir. Naissance de
Blanche Hélène CARICHOU, née le jour d'hui à dix heures du matin, rue Sainte
Germaine,24, fille naturelle de Louis Alphonse Julien CARICHOU, Bijoutier, âgé
de 26 ans né à Saumur (Maine et Loire) et de Mère Inconnue, sur la déclaration
faite à nous par CARICHOU, père..... "
En application du Code Civil du 21 avril 1804,
(appelé aussi Code Napoléon), Blanche Hélène CARICHOU a été déclarée fille naturelle, ce qui signifie
qu'elle est née de parents non mariés. L'identité de la mère n'a pas été
dévoilée, mais plusieurs indices laissent fortement penser qu'il s'agit
d'Hélène CAMARÈS, avec qui Louis CARICHOU partira pour le Venezuela en janvier 1875.
Par
décision du Tribunal de Grande Instance de Toulouse en date du 2 décembre 1867,
Hélène CAMARÈS vit séparée de son mari Vital GARDÈS, mais
elle n'est pas divorcée, car sous le règne de l'Empereur NAPOLÉON
III, le divorce n'est plus autorisé. Si le nom de la mère avait été mentionné
sur l'acte de naissance, cela aurait constitué une preuve d'adultère, et le
Code Civil en vigueur prévoyait pour la femme coupable de ce délit une peine
pouvant aller de trois mois jusqu'à deux ans de prison. (chapitre 4, article
298 du Code Civil de 1804).
Voici un extrait de la décision du Tribunal de
Grande Instance de Toulouse ordonnant la séparation des époux GARDÈS-CAMARÈS:
"...Qu'il résulte en effet que GARDÈS a frappé
cette dernière, lui a craché au visage, lui a adressé des paroles injurieuses
et lui a fait des scènes d'une extrême violence que dès lors la vie
commune des époux ne pouvait exister sans danger pour la femme, c'est le cas de
prononcer la séparation de corps par elle demandée, Attendu que, vu les
circonstances de la cause, la garde des enfants* qui a été confiée
provisoirement à la femme doit être rendue définitive.... " (source : Archives Départementales de
la Haute-Garonne)
* Les deux enfants dont Hélène CAMARÈS
obtient la garde définitive sont Jean Marie GARDES et sa sœur Berthe GARDES,
future mère de Carlos GARDEL.
Le recensement de Toulouse de 1872 confirme la
séparation des époux qui vivent désormais à deux adresses
différentes : Vital GARDES habite
16 rue Palaprat avec sa mère et sa sœur cadette :
15 | BONNEFOY veuve GARDÈS | Pascale | fait son ménage | 62 ans | née à Toulouse |
16 | GARDÈS | Vital | Plâtrier | 36 ans | né à Toulouse |
17 | GARDES | Anne | Modiste | 30 ans | née à Toulouse |
Hélène CAMARÈS habite 4
rue des prêtres avec ses deux enfants et une domestique.
Fig 17: Recensement de Toulouse de 1872: 4 rue des prêtres, famille N° 19 (© Archives Municipales de Toulouse) |
7 | CAMARÈS femme GARDÈS | Hélène | modiste | 33 ans | née à Albi (Tarn) |
8 | GARDÈS | Jean Marie | son fils | 8 ans | né à Toulouse |
9 | GARDÈS | Berthe | sa fille | 6 ans | née à Toulouse |
10 | BORDES | Cyprienne | Domestique | 19 ans | née à l'Isle Jourdain (Gers) |
Du fait de sa séparation avec Vital GARDÈS,
Hélène CAMARÈS, qui exerce la profession de modiste, est dénommée femme GARDÈS et non épouse GARDÈS. Une
domestique s'occupe du ménage et des enfants. Ceci confirme la déclaration
faite par Berthe GARDES en 1936 : "ma mère était modiste et avait de
bonnes clientes ".
On retrouve la trace de l'atelier de modiste
d' Hélène CAMARÈS dans l'Annuaire de la Haute Garonne de 1872 . Il est mentionné
dans la rubrique " MODE ET MODISTES " sous le nom de Madame GARDÉS, rue des
Prêtres, 6, c'est à dire la maison voisine de celle où elle habitait.
Fig 18: Annuaire de la Haute Garonne 1872 pages 358-359: Rubrique Mode et Modistes, Madame GARDÉS, 6 rue des prêtres (© Archives Municipales de Toulouse) |
L'annuaire de la Haute-Garonne de l'année
suivante ne mentionne plus le magasin de " Madame GARDÉS ",
car l'année 1873 marque le début d'un long parcours d' Hélène CAMARÈS
et de ses enfants en compagnie de Louis CARICHOU.
B/ Présence
de Louis CARICHOU à Toulouse
On ne connaît pas les causes exactes qui ont
poussé Louis CARICHOU, bijoutier de profession, à quitter Saumur pour venir à
Toulouse, mais on peut citer deux raisons possibles :
1- La présence à Toulouse de Louis PEYRONNET,
l'ancien ouvrier bijoutier de Dominique CARICHOU qui est un ami de longue date
de la famille et qui est venu à Saumur en 1866 pour le mariage de Charles
CARICHOU.
2- C'est aussi à Toulouse que vit sa tante
Catherine CARICHOU. Elle est mariée avec Joseph BRUN, et leur fils qui se
prénomme Joseph est bijoutier, comme Louis CARICHOU. Ils habitent Rue des
Blanchers selon le recensement de Toulouse de 1872 :
21 | BRUN | Joseph | Propriétaire | 51 ans | né à Bruguières (Haute-Garonne) |
22 | BRUN | Joseph | Bijoutier | 27 ans | né à Toulouse |
23 | CARICHOU Épouse BRUN |
Catherine | Propriétaire | 51 ans | née à Puydaniel (Haute-Garonne) |
Il est fort possible que Louis CARICHOU soit
parti à Toulouse pour apprendre le métier de bijoutier dans le but de prendre
la direction de l'atelier de son père à Saumur, du fait que son frère aîné
Charles, négociant en vins, n'était pas intéressé par cette voie. Cependant, sa
rencontre avec Hélène CAMARÈS et la naissance de sa fille Blanche
Hélène vont changer le cours de son existence.
C/ Départ
pour le Venezuela :
En
janvier 1875, Louis CARICHOU, Hélène CAMARÈS et ses
deux enfants s'embarquent pour le Venezuela depuis Bordeaux.
Dans
son interview, Berthe GARDES avait évoqué deux destinations possibles,
l’Uruguay ou le Venezuela. La destination finale fût choisie selon les départs
des navires. Si Hélène CAMARÈS et Louis CARICHOU auraient opté pour l’Uruguay, la
destinée de Berthe GARDES aurait été bien différente et la venue au monde de Carlos GARDEL peu
probable.
Dans son
travail de recherche sur l’émigration vers le Venezuela depuis le port de
Bordeaux[9], Bernard
Lavallé indique que cette émigration qui était inexistante a brusquement
augmenté en 1874 et 1875 à la suite d’une campagne de presse du gouvernement
vénézuélien qui présentait le Venezuela comme un pays très attractif. Plusieurs
compagnies maritimes ouvrirent une ligne
Bordeaux-Antilles-Venezuela pour satisfaire la demande. Mais les
arrivants déchantèrent bien vite. La consultation des archives diplomatiques
françaises rapporte que les consulats de France du Venezuela alertèrent les
autorités françaises du désarroi des migrants à leur arrivée sur le sol
vénézuélien et de la tromperie dont ils furent victimes.
Louis
CARICHOU, Hélène CAMARÈS
et ses deux enfants firent partie des 659 français qui émigrèrent vers ce pays
en 1875[10].
Dans un rapport daté du mois de mars de la même année, le
vice consul de France de Puerto Cabello évoque la situation déplorable des
immigrants français vivant au Venezuela. Le registre des embarquements et
débarquements, porte trace d’indigents qui sont rapatriés en France aux frais
du consulat, en plus de marins dont le
navire a fait naufrage, ainsi que des jeunes gens qui doivent accomplir leur service militaire,
et dont le voyage est pris en charge par le ministère de la guerre. Le consulat
général, qui a passé des conventions avec la « Compagnie Générale
Transatlantique », délivre des ordres d’embarquement sur des navires
français.
La
situation politique et économique du pays est aussi évoquée. Le pays est sujet
aux troubles. En 1872, de nombreuses plaintes de français ont été enregistrées
à cause de la guerre civile. Une liste de réclamations a été dressée par les
différents consulats de France du Venezuela. Elles sont accompagnées du montant
des indemnités réclamées au gouvernement vénézuélien au bénéfice de français
qui ont été dépouillés arbitrairement de leurs biens ou dont les habitations
ont étés saccagées par les soldats. On relève des vols de bétail, des pillages
de magasins, des destructions d’habitations, et même des assassinats[11].
Le
14 janvier 1879, le Vice consul signale une épidémie de fièvre jaune à Puerto
Cabello. En 1881, de graves troubles secouent le pays, les liaisons de la capitale avec Puerto
Cabello sont coupées, et ce port ne reçoit plus de marchandises. Les bateaux
sont déroutés sur La Guaira, le port de Caracas. Les relations entre le
Venezuela et la France s’enveniment. Un courrier interne déplorant l’attitude
irrespectueuse des autorités vénézuéliennes envers la France, demande aux
consuls de refuser toute invitation officielle. Vers la fin de l’année 1881, la
correspondance diplomatique du consulat français de Puerto Cabello porte la
mention « Relations interrompues ».
C’est
le consulat des Pays-Bas qui prend en charge les affaires du consulat français.
On peut donc penser que cette
situation précaire et probablement dangereuse motivera sept ans après leur
arrivée, le retour en France de Louis CARICHOU, d’Hélène CAMARÈS et de leurs
enfants.
D/ Séjour au Venezuela de Louis CARICHOU et
d’Hélène CAMARÈS
Pour
partir au Venezuela, Louis CARICHOU, Hélène CAMARÈS
et ses deux enfants firent établir des passeports, dont
les souches sont conservées à Bordeaux,
aux archives départementales de la Gironde.
Les deux passeports portant les numéros 33 et
32 sont datés du 14 janvier 1875
Hélène
CAMARÈS est mentionnée " femme GARDÈS ",
ce qui confirme sa séparation avec son mari. Elle est modiste et emmène avec
elle ses deux enfants : Jean Marie, 13 ans et Berthe, 8 ans.
Louis Alphonse Julien CARICHOU est domestique
(Il n'est plus bijoutier comme précédemment). Tous deux déclarent habiter
Bordeaux. Cela laisse penser qu'ils ont quitté Toulouse pour échapper à une
condamnation pour adultère, et que pour éviter des poursuites judiciaires, ils
cherchent à quitter la France. Blanche Hélène, fille naturelle de Louis
CARICHOU n'est pas mentionnée sur son passeport et malgré les recherches
entreprises nous n'avons pas retrouvé sa trace. On ne sait pas pour l'instant,
ce qu'il est advenu d'elle.
Les
passeports sont délivrés pour le Venezuela dont la voie maritime depuis
Bordeaux passe par les Antilles Françaises. De là, des bateaux font du cabotage
et transportent passagers et
marchandises vers les ports vénézuéliens de Puerto Cabello et La Guaira.
A titre d'exemple, voici un extrait du livre de bord du paquebot
" Ville de Bordeaux " qui mentionne les escales suivantes :
21 mai 1875 : Arrivée à Fort de France (Martinique) en
provenance de Pointe à Pitre (Guadeloupe)
21 mai 1875 : Départ de Fort de France pour
La Guaira – port de Caracas (Venezuela)
23 mai 1875 : arrivée à La Guaira
24 mai 1875 : départ pour Porto-Cabello
(sic) ( Venezuela).
25 mai 1875 : arrivée à Pto Cabello (sic)
25 mai 1875 : départ pour Colón (Panama)
Fig 21: Extrait du rôle d'équipage du paquebot "Ville de Bordeaux" (© Archives départamentales de la Loire Atlantique) |
C'est au Venezuela que naît le 11 février 1876
Carlos CARICHOU, fils de Louis CARICHOU et de mère inconnue, comme le précise
son acte de mariage enregistré à Albi, le 16 novembre 1909. Nous retrouvons les
mêmes indications que sur l'acte de naissance de Blanche Hélène CARICHOU. Même au Venezuela, Louis CARICHOU n'a pas
voulu révéler le nom de la mère de l'enfant.
Fig 22: Extrait de l'acte de mariage de Carlos CARICHOU avec Reine Paule Marie Rose Cécile LOUBIÈRES (© Archives Départamentales du Tarn) |
Extrait du texte :
" L'an 1909, le 16 novembre à
11heures du matin, par devant nous, Henri BARBÉS, adjoint
au maire de la commune de Albi, chef
lieu du département du Tarn, délégué aux fonctions d'Officier de l'état civil sont comparus en la maison commune et publiquement le sieur Carlos
CARICHOU, adjudant au 2ème régiment d'artillerie coloniale, âgé de 33 ans, né à
Puerto Cabello (Venezuela) le 11 février 1876 ainsi qu'il résulte de l'acte de
naissance ci-annexé, en garnison à Brest (Finistère), domicilié à Toulouse
(Haute-Garonne), fils majeur naturel de Louis CARICHOU et de mère inconnue,
le dit Carlos CARICHOU autorisé à contracter mariage par le Conseil d'Administration
du 2ème régiment d'Artillerie coloniale suivant la permission ci-annexée en
date du 4 octobre dernier d'une part,
et Demoiselle Reine Paule Marie Rose Cécile
LOUBIÈRES, sans profession, âgée de 17 ans "....
Comme indiqué précédemment, le séjour au Venezuela durera 7 ans, et Louis CARICHOU, Hélène CAMARÈS et leurs enfants respectifs retourneront en France en 1882 pour s'installer à Bordeaux. C'est ce que révèle le feuillet matricule de Jean Marie GARDES daté de 1883 et donnant comme adresse 32 Rue Prunier à Bordeaux.
Comme indiqué précédemment, le séjour au Venezuela durera 7 ans, et Louis CARICHOU, Hélène CAMARÈS et leurs enfants respectifs retourneront en France en 1882 pour s'installer à Bordeaux. C'est ce que révèle le feuillet matricule de Jean Marie GARDES daté de 1883 et donnant comme adresse 32 Rue Prunier à Bordeaux.
4- CHARLES
CARICHOU, CHEF D'ENTREPRISE A SAUMUR
Le
28 août 1880, par acte signé devant notaire, Charles CARICHOU s'associe pour
une durée de 10 ans à la veuve de son beau-père Angelo BOLOGNESI. En ajoutant
la direction de la distillerie familiale de liqueurs à ses propres activités de
négociant en vins, Charles CARICHOU devient à présent une personnalité importante de Saumur.
Pendant une dizaine d'années il connaîtra les succès et les
honneurs :
-En septembre 1882, la distillerie remporte une médaille d'argent à
l'exposition de Bordeaux[12]
- En mai 1884, elle obtient la grande médaille
d'or à l'exposition de Nice[13]
- En juillet 1887, Charles CARICHOU est nommé
membre du jury à l'exposition internationale du Havre.
Charles CARICHOU
devient également président de l'Harmonie Saumuroise[14],
et fonde le journal " l'Idée
Moderne "[15].
En 1888, il reçoit dans sa maison le général turc Chakir-Pacha et sa délégation
venus à Saumur pour assister aux manœuvres de l'armée française[16].
L'Empire Ottoman le décorera de l'Ordre Impérial du Medjidé pour services
rendus[17].
Il sera également décoré de l'ordre du Nichan Iftikar par le Bey de Tunis[18]
MARQUES ET BREVETS DÉPOSÉS PAR
CHARLES CARICHOU
1-
Produits pour l’exportation:
L’entreprise
Angelo Bolognesi-E. Carichou (en réalité : C. CARICHOU) est habilitée pour
l’exportation des liqueurs.
En
1887 : Charles CARICHOU dépose la marque « Saint CHARLES » au
nom de la société Veuve Angélo
BOLOGNESI-Charles CARICHOU.
-En 1888, Charles CARICHOU enregistre au
tribunal de commerce de Saumur la marque "PASTEUR" pour commercialiser différents produits dans les domaines de la
confiserie et pâtisserie, la parfumerie
ainsi que des boissons alcoolisées comme le vin, la liqueur ou les eaux de vie.
Pour donner un caractère sérieux à ses produits, Charles CARICHOU choisit comme
marque commerciale le nom du grand savant, célèbre pour son vaccin contre la
rage mis au point en 1885 !
3- Brevets déposés :
En
cette deuxième moitié du 19ème siècle, le vignoble français est ravagé par le
phylloxéra, un puceron qui suce les racines des vignes et finit par les
dessécher, et par le mildiou, un champignon qui s'attaque aux feuilles de
vigne. Les dégâts sont considérables et beaucoup de chercheurs se mobilisent
pour endiguer ces maux qui progressent inexorablement en France et dans le
monde entier, excepté en Amérique. On finit par trouver une parade au
phylloxéra en greffant les plants de vignes français sur des plants américains.
Contre le mildiou, on procède à des vaporisations de sulfate de cuivre sur le
feuillage des vignes.
L'année
1889 marque un tournant dans les activités de Charles CARICHOU qui abandonne la
fabrication de liqueurs et le commerce des vins. La société qu'il avait créé en
commun avec la veuve d'Angélo BOLOGNESI est dissoute[19],
et la distillerie de Saumur est confiée à un gérant, Léon BLOUDEAU.
A
présent, Charles CARICHOU veut se consacrer pleinement à la commercialisation
d'une découverte faite par son père Dominique CARICHOU qui n'exerce plus
d'activité professionnelle depuis la mort de son épouse Louise Jeanne JOURDAN,
dont voici l’acte de décès.
Fig 34: Acte de décès de Louise Jeanne JOURDAN, épouse de Dominique Étienne CARICHOU ( © Archives Départamentales du Maine et Loire) |
Cet acte de décès est rédigé ainsi :
" Aujourd'hui, 4 mars 1889 à 10 heures du matin, par devant nous,
Louis LIENARD, adjoint délégué du Maire de la Ville de Saumur (Maine et Loire),
remplissant les fonctions d'officier public de l'État-Civil
ont comparu à la Mairie Hippolyte CARICHOU, profession de négociant, officier
de l'ordre du Medjidé, âgé de 45 ans, domicilié à Saumur et M. Louis CARICHOU,
profession d’ Ajusteur Mécanicien, âgé de 41 ans, domicilié à Bordeaux
(Gironde). Tous deux fils de la défunte.
Lesquels nous ont déclaré que ce jour, à une heure du matin est décédée
à son domicile, en cette ville, quai de Limoges, 10, Louise Jeanne JOURDAN.....
"
Cet acte révèle que Louis CARICHOU a fait le
voyage de Bordeaux à Saumur pour accompagner sa mère dans ses derniers moments
d'existence. Il ignore que cet événement aura de grandes répercussions.
5- L'ANTI-KYPROS – (Procédé de traitement
du vin contre les résidus de cuivre).
Fig 35: "DU CUIVRE comme poison dans les vins", fascicule d'Antoine BOURGOIN (Source: BNF - gallica) |
Le
sulfate de cuivre utilisé par les vignerons pour traiter la vigne contre le
mildiou provoque la présence de résidus de cuivre dans le vin qui dégradent son
goût. Dominique CARICHOU utilisait dans la fabrication de médailles religieuses
un procédé dont il avait le secret pour enlever les traces de cuivre sur l'or
ou l'argent. Son fils Charles CARICHOU, convaincu de l'efficacité de ce procédé
veut l'appliquer pour purifier le vin des impuretés de cuivre et il propose à
son frère Louis de collaborer à son entreprise. Dans un fascicule qu'il a fait
imprimer en 1890, et dont un exemplaire est conservé à la B.N.F[20]
à Paris, on lit en page 20 de cet ouvrage :
Extrait de la page 20 :
Anti-Kypros ou Anti-Cuivre.
" …............. M.
Dominique CARICHOU, métallurgiste distingué, résidant à Saumur
(Maine et Loire), dans une période de travaux de près de 60 ans sur les métaux,
avait remarqué dans l'épuration de l'or et l'argent, l’affinité puissante des
sels de cuivre pour certaines matières simples dans leur constitution et
inoffensives dans leur emploi ;...... le secret serait tombé dans l'oubli
si cette question de cuivre dans les vins n'était venue à juste titre
préoccuper les esprits. C'est alors que ce vénérable vieillard fit part à ses
deux fils, MM Charles et Louis CARICHOU, du résultat de ses longues et
judicieuses observations ; ces messieurs comprirent immédiatement les
services immenses que pouvait rendre l'application de ce procédé au traitement
des vins provenant des vignes sulfatées...... "
Ce texte, écrit par Antoine BOURGOIN, présente
les choses d'une manière trop pompeuse pour être plausible. En vérité, Charles
CARICHOU, qui a une grande expérience du monde viticole, mène seul cette affaire.
6- INSTALLATION DE LOUIS CARICHOU et D'
HÉLÈNE CAMARÈS A SAUMUR
Fig 36: Journal "L'Écho Saumurois" du 15 octobre 1890 (© Archives de Saumur) |
Répondant à l'appel de son frère Charles pour commercialiser ce procédé
qui aura pour nom " ANTI-KYPROS " (du mot grec kypros
signifiant cuivre), Louis CARICHOU et Hélène CAMARÈS vont
quitter Bordeaux pour s'installer à Saumur. En se basant sur les deux documents
suivants, on peut déduire que ce déménagement s'est produit durant l'année
1890 :
1°- Le 27 décembre
1889, le jugement de divorce d'Hélène CAMARÈS avec
Vital GARDÉS est prononcé à Toulouse[21].
Le compte rendu mentionne qu'Hélène CAMARÈS habite à Bordeaux.
2° - Le 15
octobre 1890, le journal " L'Écho saumurois " cite la présence à Saumur de
Louis et Charles CARICHOU pour la
fabrication de l’ "Anti-kypros".
Recensement de Saumur de
1891
Le recensement de Saumur de 1891
confirme la présence de la famille CARICHOU à Beaulieu et Dampierre sur Loire,
deux hameaux proches de Saumur. Elle est répartie dans trois maisons situées
sur la route de Beaulieu.
On
trouve dans l'ordre croissant des numéros des maisons :
23 | CARICHOU | Charles Bernard | 47 ans | Français | Négociant en spiritueux | chef |
24 | CARICHOU | Anne Marie Thérèse | 42 ans | id | Sans profession | femme |
25 | LAMBLEU | Jeanne Marguerite | 46 ans | id | employée aux écritures | Domestique |
26 | TROTTIER | Alain | 28 ans | id | Cocher | id |
27 | TROTTIER | Célestine | 23 ans | id | Cuisinière | femme du domestique |
28 | FROIDEFOND | Jean | 24 ans | id | Jardinier | Domestique |
29 | BOURGOIN | Antoine | 34 ans | id | Professeur d'Agriculture | Employé |
Charles CARICHOU vit avec son épouse
Thérèse BOLOGNESI et 5 autres personnes. Il habite la villa ANGELO, une grande
demeure que son beau père Angelo BOLOGNESI avait fait construire. Il emploie
trois domestiques : un cocher, un jardinier et une cuisinière, et deux
autres personnes pour les besoins de la vente de son nouveau produit :
l'Anti-Kypros : ce sont Jeanne Marguerite LAMBLEU, employée aux écritures
et Antoine BOURGOIN, professeur d'Agriculture. (C'est cette personne qui a
rédigé le fascicule " DU CUIVRE comme poison dans le vin "
dont la couverture est présentée en figure 35). C'est à partir de la villa
ANGELO que Charles CARICHOU dirige ses affaires.
Nota : Les deux
enfants de Charles CARICHOU : Georges et Louis, nés en 1868 et 1875 ne
sont pas présents au domicile des parents. Georges Étienne Angelo CARICHOU
réside à Saumur, rue de Poitiers[22], et épousera
en décembre 1901 Rose Gabrielle Marguerite Louise MARIE à Courbevoie, une
commune située au nord de Paris. Son jeune frère, Louis Édouard Émile CARICHOU,
âgé de 16 ans, fait des études en pensionnat.
2- Au N° 23 route de
Beaulieu : Louis CARICHOU et Hélène CAMARÉS
7 | CARICHOU | Louis | 43 ans | Français | Représentant de Commerce | Chef |
8 | CARICHOU | Hélène | 47 ans | Française | Sans profession | femme |
9 | CARICHOU | Carlos | 15 ans | Français | id | fils |
Contrairement
à leurs déclarations, Louis CARICHOU et Hélène CAMARÉS ne sont pas mariés.
Carlos CARICHOU, né au Venezuela en 1876 vit avec ses parents.
Fig 39: Extrait du feuillet matricule de Jean Marie GARDES - Localités successives habitées (© Archives Départamentales de la Gironde) |
Par contre, Berthe GARDES n'a pas
suivi sa mère lorsque la décision de quitter Bordeaux pour aller à Saumur a été
prise en 1890. Au lieu de la suivre à Saumur, elle a préféré aller seule à
Toulouse, et après la naissance de son fils Charles Romuald, elle n'est pas
allé rejoindre sa mère.
Son frère, Jean
Marie GARDES est au Venezuela, selon les indications portées sur son feuillet
matricule présenté ci-après. Il ne retournera à Saumur-Beaulieu qu'en mai 1891,
c'est à dire après le passage du recensement qui se fait habituellement durant
le premier trimestre de l'année.
Famille
N°100 :
17 CARICHOU Dominique 73 ans
Français Rentier Chef de ménage
Dominique
CARICHOU est veuf depuis 1889. Il vit seul et n'exerce plus d'activité.
7- COMMERCIALISATION DE L'ANTI-KYPROS
Le 19 octobre 1889, un brevet de 15
ans concernant un "Mode de traitement des vins, boissons de marc de
raisin et autres provenant des vignes sulfatées " est déposé à
Paris et enregistré sous le numéro 201 652
par les " sieurs " CARICHOU. Ce brevet est
officialisé le 14 novembre 1889 dans le bulletin des lois de la République
Française.
En 1890, Charles CARICHOU lance la
fabrication de l'Anti-Kypros. Il recrute des agents commerciaux au moyen de
petites annonces dans la presse et participe à des concours dans de nombreuses
expositions nationales et internationales pour présenter son produit. Il fera
de la publicité dans la presse et fera rédiger des articles qui citeront toutes
les récompenses plus ou moins prestigieuses remportées par l'Anti-Kypros.
Fig 43: Journal "L'Écho Saumurois" du 18 août 1893 concours de greffage (© Archives de Saumur) |
Malheureusement, l'Anti-Kypros sur
lequel Charles CARICHOU avait fondé tous ses espoirs se révélera être un échec
commercial. La dernière mention concernant l'Anti-Kypros dans la presse date du
15 février 1891, et le 23 juin de cette même année Charles CARICHOU se sépare
de son collaborateur Antoine BOURGOIN [23] .
Le départ de ce collaborateur annonce l'échec de L'Anti-Kypros. Le journal
" l'Écho saumurois " fera encore mention de Charles
CARICHOU en 1893 au sujet d' un concours de greffage de plants de vigne
français sur des plants américains. Charles CARICHOU y est simplement cité
comme
" correspondant-délégué " d'une entreprise de
Chalons sur Saône qui commercialise des " tubes cônes
ouverts " pour faciliter le greffage.
8- SÉPARATION DE LA FAMILLE CARICHOU
Cet
échec commercial va précipiter le départ de Saumur de tout le groupe familial.
-
Jean
Marie GARDES arrivé à Saumur le 25 mai 1891, épouse le 12 juillet 1892 Eugénie
Clémentine ROBIN. L'acte de mariage précise qu'il est mécanicien, et qu'il
habite à Paris.
-
Le
22 avril 1893, Émile Albert CAMARÈS, un neveu d'Hélène CAMARÈS, épouse à Saumur
Marie Louise POUARD. Jules Barthélemy CAMARÈS (père du marié), et Maria CAMARÈS
(sœur du marié), sont venus d'Albi pour assister au mariage, et leurs
signatures apparaissent au bas de l'acte. Par contre on ne trouve aucune
signature d'Hélène CAMARÈS ou de Louis CARICHOU, ce qui semble indiquer qu'ils
ont quitté Saumur à cette date.
Fig 44: Signatures au bas de l'acte de mariage d'Émile Albert CAMARÈS avec Marie Louise POUARD (© Archives départamentales du Maine et Loire) |
Vente
aux enchères :
L'échec commercial de l'Anti-Kypros
aggravé par les dépenses importantes de Charles CARICHOU en publicité, achat de
matériel, rémunération du personnel, voyages en France et à l'étranger,
provoque la faillite de sa belle mère, veuve d' Angélo BOLOGNESI. De toute
évidence, elle s'était portée garante des sommes empruntées par son beau-fils,
et qu'il ne pouvait pas rembourser.
1/ Le 18 juillet 1894 a lieu à Saumur la vente
aux enchères des biens ayant appartenu à Angelo BOLOGNESI : les bâtiments
de la distillerie de Saumur, la villa Angelo où habitait Charles CARICHOU, et
la maison de Beaulieu où ont habité Hélène CAMARÈS et Louis CARICHOU.
2/ Puis, le 4 Août 1894 a lieu une deuxième
adjudication de biens par " concordat par abandon
d'actifs " un système plus avantageux pour les créanciers qu'une
faillite, concernant une maison et ses dépendances située à Bagneux près de
Saumur et appartenant également à la veuve d'Angélo BOLOGNESI qui se trouve
ainsi dépouillée de tous ses biens. Charles CARICHOU est ruiné et il a entraîné
sa belle mère dans sa déroute financière.
Fig 45: Vente aux enchères des biens de la veuve d'Angelo BOLOGNESI. (Source: Journal "L'Écho Saumurois" - © Archives de Saumur) |
Dans l'encadré de la figure 45 on
peut lire que Charles CARICHOU n'habite plus à Saumur, mais à Saint-Nazaire
(port sur l'océan Atlantique situé à 200 km environ de Saumur). En réalité,
l'acte de décès de son père Dominique CARICHOU, daté du 17 octobre 1894, est
plus précis et nous informe mieux sur la situation exacte de Charles CARICHOU.
L'acte est rédigé
ainsi :
"L'an 1894, le 17
octobre à midi, par devant nous, Augustin MAILLARD,conseiller général, maire,
officier de l'état-civil de la commune du Croisic, arrondissement de
Saint-Nazaire, département de la Loire Inférieure ont comparu : MM CARICHOU Charles, âgé de 50 ans, représentant de
commerce, domicilié au Croisic, fils du défunt, et CARICHOU Georges, âgé
de 26 ans, restaurateur, domicilié au Croisic, petit fils du défunt lesquels
nous ont déclaré que le jour d'hui 17 octobre de la présente année à 10 heures
et demie du matin, Étienne Dominique CARICHOU, âgé de 77 ans, ..domicilié au
Croisic...veuf de Louise Jeanne JOURDAN est décédé en sa demeure sise quai de
la petite chambre....."
L'examen
attentif de cet acte de décès révèle une situation précaire. Le défunt,
Dominique CARICHOU, son fils Charles et son petit-fils Georges résident tous
les trois au Croisic, un petit port de pêche situé à 30 km de Saint-Nazaire (et
à 230 km de Saumur !). L'acte de décès ne mentionne qu'un seul domicile
pour les trois personnes citées ce qui signifie qu'elles vivaient toutes les
trois au même endroit.
Pour Charles CARICHOU, la situation
n'est pas brillante. Il a trouvé refuge chez son fils Georges, restaurateur. Il
n'a plus de domicile personnel et en 1896 il sera contraint de vendre aux
enchères, pour éponger ses dettes, la maison de son père située à Dampierre,
près de Saumur, dont il a hérité.[24].
On ne connaît pas la raison exacte
qui a poussé Dominique CARICHOU à suivre ses deux fils pour mourir à l'âge de
77 ans si loin de Saumur. Etait-il impliqué dans les affaires de son fils
Charles? La question est en suspens.
Conséquences
familiales :
En
1893, l'échec commercial de l'Anti-Kypros provoque le départ de Saumur d'Hélène
CAMARÈS, de Louis CARICHOU et de leur fils Carlos. Ils vont à Paris où réside
Jean Marie GARDES. La même année, Berthe GARDES part en Argentine avec son fils
Charles Romuald.
Le
18 juin 1896 Carlos CARICHOU, âgé de vingt ans, s'engage dans l'artillerie de
marine. Il fera une carrière militaire et effectuera des séjours en Indochine.
(aujourd'hui le Vietnam).
Le
23 juillet 1898, Jean Marie GARDES épouse en secondes noces, à Saint Mandé
(près de Paris) Charlotte LAURENCE. Sur l'acte de mariage, Hélène CAMARÈS et
Louis CARICHOU qui ne sont pas encore mariés habitent à Paris, 6 rue des
entrepreneurs.
En
résumé, Charles CARICHOU, qui avait engagé son frère Louis dans l'aventure
désastreuse de l'Anti-Kypros à Saumur, a finalement provoqué l'éclatement de sa
famille.
Nota : Berthe GARDES avait
déclaré que ses relations avec sa mère étaient difficiles. Mais elle ne semble
pas être la seule à avoir éprouvé ce sentiment. A son retour du service
militaire, son frère Jean Marie n'est pas resté chez sa mère, il est parti au
Venezuela, puis de retour en France, il s'est installé à Paris avec sa première
épouse Jeanne Eugénie ROBIN( qui décédera en 1894). De même, Carlos CARICHOU a
quitté le domicile familial à l'âge de 20 ans pour s'engager dans l'artillerie
de marine.
En 1998, il fonde à
Neuilly sur Seine, près de Paris, une société de vente de fromages qui disparaît
au
bout de 6 mois[25].
Fig 48: Charles CARICHOU, directeur pour l'arrondissement de Saumur de la société des Timbres de l'Anjou. (Journal "L'Écho Sumurois" du 1er novembre 1903 - © Archives de Saumur) |
En
1903, Charles CARICHOU est de retour à Saumur et gère la vente de timbres, mais
cela ne dure que quelques mois et il est renvoyé de son poste.
C'est la dernière trace que nous
possédons de Charles CARICHOU. Il a probablement vécu ses dernières années dans
la région parisienne et dans des conditions financières difficiles, car en
1920, sa veuve, Thérèse BOLOGNESI, dans le besoin, fera une demande d'aide
financière à la ville de Paris, demande qui lui sera refusée[26].
9- DEPART POUR L'AFRIQUE de Jean Marie GARDES et LOUIS
CARICHOU
Louis CARICHOU va suivre une voie
très différente de celle de son frère Charles. Il va rejoindre Jean Marie
GARDES au cœur de l'Afrique Occidentale Française. Il sera chef mécanicien sur
la ligne de chemin de fer Kayes-Niger, comme le révèle cette demande de congés
de convalescence daté du 5 Août 1903.
Nota :Cette ligne de chemin
de fer longue de 555 kilomètres et reliant Kayes à Koulikoro dans l'actuel Mali
fut commencée en 1881. Elle faisait partie d'un projet de la France pour relier
le port de Dakar (Sénégal) au fleuve Niger par voie ferroviaire. Ce projet sera
finalement achevé par les militaires. Le tracé final long de 1200 km sera
terminé en 1924.
Jean Marie GARDES est affecté aux
Chemins de fer du Sénégal le 28 novembre 1901 selon les indications recueillies
sur son feuillet matricule :
Fig 50: Extrait du feuillet matricule de Jean Marie GARDES. (© Archives Départamentales de la Gironde) |
On lit dans l'encadré :
" Réintégré à la subdivision de Bordeaux le 10 décembre 1901 comme
non disponible de la Compagnie des chemins de fer du Sénégal du 28 novembre
1901 ".
Les chemins de fer du Sénégal
exploitaient une autre ligne de chemin de fer longue de 265 kilomètres reliant
le port de Dakar à St Louis du Sénégal[27].
Ainsi, au début de leur présence en Afrique, Jean Marie GARDES et Louis
CARICHOU ne travaillaient pas sur la même ligne ferroviaire.
Cette situation ne durera pas trop
longtemps car un document ultérieur daté de Novembre 1906 précise que tous deux
sont employés sur la ligne Kayes-Niger dans la section "traction".
Les comptes et dépenses définitifs de l'année
1920 de la ligne Kayes-Niger conservés à la Bibliothèque Nationale de France
indiquent que Louis CARICHOU a touché ses dernières allocations temporaires en
1919, en tant que sous-chef de dépôt à la gare de Kayes. Il a donc pris sa
retraite en 1918 à l'âge de 70 ans. Jean Marie GARDES a perçu des soldes de
salaire pour les mois de septembre et d' octobre 1919, qui sont ses derniers
mois d'activité. Il occupait le poste important de chef traction de la ligne
Kayes-Niger.
Famille N° 37
99 | GARDES | Jean | né en 1863 | (à Toulouse) | (Français) | Chef | Sans profession |
100 | GARDES | Charlotte | née en 1869 | à Paris | id | Épouse | Sans profession |
101 | CARICHOU | Louis | né en 1847 | à Saumur | id | Beau père | Sans profession |
102 | CARICHOU | Hélène | née en 1839 | à Albi | id | Belle mère | Sans profession |
9- CARLOS CARICHOU – MORT POUR LA FRANCE.
Après son engagement
dans l’artillerie coloniale en 1896, Carlos CARICHOU retourne à la vie civile
le 10 décembre 1910. Peu avant cette date, Le conseil d’administration de son
régiment lui avait accordé une permission pour épouser Reine LOUBIERES à la
mairie d’Albi.
Marié depuis 5 années et exerçant la
profession de comptable, Carlos CARICHOU qui est passé dans la réserve de
l’armée active le 18 juin 1911, est rappelé à l’activité militaire par le
décret de mobilisation générale du 1er août 1914. Il rejoint son
unité, le 2ème régiment d’artillerie coloniale à Brest, le 4 août 1914 pour
partir au combat contre l’Allemagne.
Il
accomplira son devoir jusqu’à la fin. Le rapport militaire de son décès
rapporte que Charles (en réalité Carlos) CARICHOU, adjudant au 212ème Régiment
d'Artillerie de Campagne est « Mort pour la France » le 11octobre
1918, à 9h15 à l'ambulance (hôpital de campagne) 5/51 de Vitry le François,
d'une maladie contractée en service commandé, et que l'acte de décès a été
transmis à l'État-civil de Toulouse le 15 septembre 1919. La mention de la date
et du lieu de naissance : 11 février 1876 à Puerto Cabello (Venezuela)
prouve qu'il s'agit bien du fils de Louis CARICHOU.
Fig 55: rapport militaire du décès de Charles CARICHOU, adjudant au 212ème régiment d'artillerie de Campagne (Source: https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/ ) |
Le
site de la BNF (Bibliothèque Nationale de France) fournit de précieuses
indications sur l'activité de son régiment d'artillerie à l'époque de son
décès :
Comme
l'indique l’organigramme ci-dessus, l'adjudant CARICHOU était Officier
d’Approvisionnement du 1er Groupe de son régiment d'artillerie. Il avait en
charge l’approvisionnement en munitions et en nourriture des 3 batteries de 4
canons de son groupe.(http://www.chtimiste.com/carnets/infos/canon%2075.htm)
L'historique
du 212ème Régiment d'Artillerie de Campagne signale qu'après avoir soutenu une
importante offensive victorieuse de l'armée américaine de juillet à septembre
1918 au nord de Verdun, le régiment est ensuite envoyé en Champagne. Le 2
Octobre 1918, l’État major et le 1er groupe du régiment dont fait partie l'Adjudant
CARICHOU bivouaquent à Bassu, un village situé à 15 km au nord de Vitry le
François. Le 5 octobre 1918 a lieu une prise d'armes pour remise de
décorations. Puis le 11 octobre 1918, jour du décès de Carlos CARICHOU, le
régiment quitte ses cantonnements. C'est donc dans le village de Bassu que
l'Adjudant CARICHOU est tombé malade et qu'il a été transféré à l'ambulance
5/51 de Vitry le François où il est mort.
Dans
l'extrait de l'historique du 212ème régiment d'artillerie de campagne présenté
ci dessus, il est mentionné que " L'épidémie de grippe qui
depuis quelques jours a fait son apparition, sévit alors avec rage ; les
batteries sont réduites à la moitié de leurs effectifs ".
Cette épidémie, plus connue sous le nom de grippe espagnole, est donc la cause
probable du décès de l'adjudant CARICHOU.
Si l'acte de
décès officiel a été transmis à l'État civil de Toulouse le 15 septembre
1919, soit presque un an après sa mort, l'enregistrement du décès de Carlos
CARICHOU est effectué à Toulouse, à l’État Major de la 17ème région militaire,
le 14 novembre 1918. Un avis de décès a été ensuite remis au domicile de Louis
CARICHOU, 12 allées de Barcelone, le 30 novembre 1918 comme le montre le
document suivant :
Fig 58: Enregistrement du décès de "Charlos" CARICHOU à Toulouse (© Archives Municipales de Toulouse) |
C'est donc après l'armistice du 11
novembre 1918, quand la guerre était finie, que les malheureux parents et
l'épouse de Carlos CARICHOU ont appris la terrible nouvelle de sa mort.
10
– DERNIÈRES ANNÉES à TOULOUSE
C'est probablement pour cette raison
qu'après leur séjour en Afrique, Louis CARICHOU, Hélène CAMARÈS et Jean Marie
GARDES avaient projeté de revenir à Toulouse après une longue absence de près
de 45 ans. (On peut rappeler qu'ils avaient quitté Toulouse en 1873 pour aller
à Bordeaux, puis au Venezuela, et n'y étaient plus revenus depuis).
Toulouse fut le dernier refuge de
ces " voyageurs " après un long parcours qui les mena de
France en Amérique, puis en Afrique après avoir séjourné successivement à
Bordeaux, Saumur et Paris. C'est à Toulouse qu'ils reçurent à plusieurs
reprises la visite de Berthe GARDES et de son fils Carlos GARDEL.
Ces deux êtres partis en Argentine
leurs étaient très chers et les retrouvailles furent très émouvantes. Même dans
la mort les liens familiaux furent indéfectibles comme le montrent les
publications des avis de décès et de neuvaines de Louis CARICHOU et d'Hélène
CAMARÈS, la grand mère maternelle de Carlos GARDEL, qui sont présentés
ci-après. On peut constater que les noms de Berthe GARDES et de son fils
Charles figurent en bonne place dans tous les avis mortuaires publiés par la
presse de Toulouse.
Fig 59: Avis de décès et de neuvaine de Louis CARICHOU - Journal "La Dépêche" de Toulouse des 25 et 28 août 1930 (Source: BNF - gallica) |
.
Nota :
On lit dans les annonces mortuaires de Louis CARICHOU et Hélène CAMARÉS : "Madame Berthe GARDES et
son fils Charles (de Buenos-Ayres)" , ce qui sous entend : son
fils Charles Romuald GARDES (de Buenos-Ayres), c’est à dire le nom d’État Civil
de Carlos GARDEL.
Avec la mort, à l'âge de 91 ans,
d'Hélène CAMARÈS disparaît la dernière représentante portant le nom de CARICHOU.
Son "esprit aventureux", comme le
disait Berthe GARDES, aura marqué la vie de ses quatre enfants : Jean Marie et Berthe GARDES puis Blanche
Hélène et Carlos CARICHOU, officiellement nés de mère inconnue.
Cependant sa rencontre avec Louis CARICHOU, et
l'influence exercée par Charles CARICHOU sur toute la famille ne sont pas
totalement étrangers à l'éloignement des enfants : Berthe, partie en
Argentine, Jean Marie, au Venezuela puis en Afrique et Carlos, le militaire, en
Asie.
De Charles CARICHOU, il restera
l'image d'un riche industriel ruiné par l'échec de son procédé pour le
traitement du vin. A-t-il été victime de son ambition, ou bien tellement
convaincu par son procédé, s'est il enfoncé dans les dettes ? La question
reste posée.
Mais
il nous reste de lui un prénom : Charles.
Son frère Louis CARICHOU l'a
transmis à son fils né au Venezuela, sous sa forme espagnole : Carlos.
Berthe GARDES, demi-sœur de Carlos CARICHOU, l'a ensuite transmis à son fils né
à Toulouse le 11 décembre 1890. Ainsi, à
sa naissance, Charles Romuald GARDES, devenu
plus tard Carlos GARDEL portait en lui un héritage de la famille
CARICHOU et certainement les désirs d'aventure et de voyage de sa grand mère
Hélène CAMARÈS.
Georges GALOPA
Collaboration: Ana TURÓN
Collaboration: Ana TURÓN
Andolsheim
(France) - Azul (Argentine)
Le 25 mai 2020
Le 25 mai 2020
Remerciements à
Christine GLANDAIS des Archives de Saumur
[3] Purge d'hypothèques parue dans
" L'Écho saumurois " du 2 mai 1857.
[5] De 1804 à 1907 la majorité matrimoniale
en France était de 25 ans pour les garçons et 21 ans pour les filles. Dans ce
cas, il fallait obtenir le consentement
des parents pour célébrer le mariage. Dans le cas contraire, la procédure pour
aboutir au mariage était complexe.
[7] Journal l'Écho saumurois du 2
avril 1870
[8] Journal l'Écho
saumurois du 9 avril 1893
[11] Archives diplomatiques
françaises-consulat de France de Caracas.
[12] Journal l'Écho saumurois du 9
septembre 1882.
[13] Journal l'Écho saumurois du 30
mai 1884.
[14] Journal l'Écho saumurois du 14
février 1887,
[15] Journal l'Écho saumurois du 21
décembre 1887.
[16] Journal l'Écho saumurois du 17
septembre 1887
[17] Journal l'Écho saumurois du 9
février 1888.
[18] Journal l'Écho saumurois du 20
février 1889.
[19] Journal l'Écho saumurois du 19
juillet 1889.
[20] BNF : Bibliothèque
Nationale de France
[21] Le divorce fut rétabli en France
le 27 juillet 1884 par la loi Naquet
[22] Feuillet matricule militaire de
Georges CARICHOU
[23] Journal l'Écho saumurois du 24
juin 1891.
[25] Archives commerciales de la
France 17 septembre 1898 -p 1166 BNF-gallica
[26] Bulletin Municipal Officiel
ville de Paris – 6 mai 1920 page 2210
[28] Certains documents indiquent 28
rue des marchands mais le N°32 est le plus fréquent.
[29] Recensement de Toulouse Centre
de 1911